La désillusion continue pour certains immigrants partisans de Donald Trump.
La famille d’une Canadienne installée de longue date aux États-Unis dit se sentir trahie après que la femme a été arrêtée par les services d’immigration américains alors qu’elle se présentait à un entretien pour obtenir sa carte verte. Ironie du sort : elle et son mari soutenaient Donald Trump et ses promesses de déportations massives.
« On se sent complètement pris au dépourvu », a confié Francisco Olivera, citoyen américain et électeur de Trump, à la chaîne californienne KGTV. « Je veux récupérer mon vote. »
Son épouse, Cynthia Olivera, 45 ans et mère de trois enfants nés aux États-Unis, a été arrêtée le 13 juin à Chatsworth, en Californie, par des agents de l’immigration alors qu’elle tentait de régulariser sa situation. Elle se trouve désormais dans un centre de détention de l’ICE à El Paso, au Texas, en attente de son expulsion vers le Canada.
Cynthia est arrivée aux États-Unis à l’âge de 10 ans, amenée illégalement par ses parents depuis Toronto. En 1999, à 19 ans, elle avait fait l’objet d’un ordre d’expulsion accéléré à la frontière de Buffalo. Pourtant, quelques mois plus tard, elle était revenue discrètement en traversant la frontière depuis le Mexique vers San Diego. « Ils ne m’ont rien demandé. Ils m’ont juste fait signe de passer », a-t-elle raconté à KGTV.
Depuis, elle a vécu à Los Angeles, travaillé, payé ses impôts et élevé ses enfants. Aucun casier judiciaire n’a été trouvé à son nom, selon une enquête de KGTV dans les bases de données judiciaires fédérales et californiennes. En 2024, elle avait même obtenu un permis de travail temporaire délivré sous l’administration Biden.
Mais malgré ces efforts, ni Cynthia ni son mari ne s’attendaient à ce que les politiques anti-immigration de Trump – qu’ils soutenaient pourtant – s’appliquent à leur propre famille. « On croyait qu’ils allaient cibler uniquement les criminels violents », a dit Francisco Olivera. Il a ajouté que les promesses de Trump avaient séduit sa femme et lui, malgré la propre condamnation pénale de de Donald Trump, alors ancien président, en mai 2024 pour falsification de documents commerciaux.
Cynthia, elle, exprime sa détresse : « Les États-Unis, c’est mon pays. C’est ici que j’ai rencontré mon mari, que j’ai été à l’école, que j’ai eu mes enfants », a-t-elle déclaré par visioconférence depuis sa cellule au Texas.
Mais l’administration Trump est restée inflexible. « Mme Olivera est une étrangère en situation irrégulière, originaire du Canada », a affirmé un porte-parole de l’ICE dans un communiqué repris par Newsweek. « Elle a été expulsée auparavant et a choisi d’ignorer nos lois en revenant illégalement. » Le porte-parole a précisé que cette réentrée constitue un délit passible d’expulsion, et que Mme Olivera resterait en détention « jusqu’à son renvoi vers le Canada ».
De son côté, le gouvernement canadien a fait savoir à KGTV qu’il était au courant de la détention de sa ressortissante, mais qu’il ne pouvait pas intervenir : « Chaque pays décide de qui peut entrer ou sortir de son territoire. »
Cynthia espère pouvoir retourner volontairement à Mississauga, en Ontario, chez une cousine, aux frais de sa famille. Mais aucune date de départ n’a encore été fixée.
En larmes, elle a confié : « Le seul crime que j’ai commis, c’est d’aimer ce pays, de travailler dur et de subvenir aux besoins de mes enfants. »