Interdiction de voyage sur Haïti et 11 autres pays : des élus démocrates dénoncent une mesure “raciste et anti-américaine”

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Le président Donald Trump a ravivé, mercredi soir, l’un des dispositifs les plus controversés de son premier mandat : une vaste interdiction de voyage visant plusieurs pays, majoritairement non occidentaux.

À peine le décret signé, les critiques n’ont pas tardé à fuser, notamment du côté des élus démocrates à la Chambre des représentants.

Cette nouvelle version élargie du “travel ban” interdit temporairement l’entrée aux États-Unis pour les ressortissants de 12 pays : Afghanistan, Birmanie, Tchad, République du Congo, Guinée équatoriale, Érythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan et Yémen. En plus de ces interdictions fermes, sept autres pays — parmi lesquels Cuba, le Venezuela ou encore le Laos — sont désormais soumis à des restrictions plus sévères en matière de visas et de déplacements.

Le chef de l’État affirme que cette décision vise à renforcer la sécurité intérieure, invoquant notamment un fait divers survenu récemment à Boulder, dans le Colorado, impliquant un ressortissant égyptien. Un argument qui suscite le scepticisme, d’autant que l’Égypte ne figure pas dans la liste des pays concernés.

Dans les rangs démocrates, la mesure est perçue comme une résurgence d’un nationalisme identitaire déguisé en politique sécuritaire.

Pour Don Beyer, élu de Virginie, ce décret ne répond en rien aux véritables menaces :

“L’utilisation des préjugés et du sectarisme par Trump pour empêcher des personnes d’entrer aux États-Unis ne nous rend pas plus sûrs ; elle ne fait que nous diviser et affaiblir notre leadership mondial”, a-t-il déclaré dans un communiqué transmis au HuffPost. Il avertit également que cette politique pourrait entraîner des séparations familiales dramatiques.

Même constat chez Yassamin Ansari, représentante d’Arizona, qui estime que le président Trump répète les erreurs du passé :

“Nous avons déjà assisté à ce cauchemar”, a-t-elle écrit sur le réseau X, rappelant le précédent décret anti-immigration de 2017, qui avait été partiellement censuré par la justice avant d’être abrogé sous l’administration Biden.

Pramila Jayapal, élue de l’État de Washington, s’est aussi inquiétée des conséquences humanitaires de la mesure :

“Interdire l’entrée à des personnes qui fuient des situations extrêmes — comme celles qui ont aidé l’armée américaine en Afghanistan ou qui tentent d’échapper à la guerre au Soudan — ne fera qu’aggraver l’insécurité à l’échelle mondiale”, a-t-elle affirmé dans une déclaration relayée par le HuffPost.

Pour justifier sa position, le président américain cite les attaques terroristes commises par des étrangers sur le territoire américain. Il prend pour exemple le récent incident survenu à Boulder, dans le Colorado, où un citoyen égyptien ayant dépassé la durée de validité de son visa américain a ouvert le feu sur un groupe de manifestants pro-israéliens. Toutefois, l’Égypte ne figure pas sur la liste des pays concernés par le “travel ban”. Il faut également noter que les citoyens de la grande majorité des pays visés n’ont jamais participé à des attaques terroristes aux États-Unis.

Comme lors de son premier mandat, ce décret présidentiel risque d’être confronté à une série de recours judiciaires.

Des organisations de défense des droits des immigrants et des associations juridiques se préparent déjà à contester cette mesure, qu’elles jugent inconstitutionnelle et discriminatoire.

Avec ce retour à une rhétorique migratoire offensive, Donald Trump semble miser sur les clivages identitaires pour consolider sa base mécontente de certaines de ses mesures depuis son retour à la Maison-Blanche. Mais au-delà du calcul politique, cette nouvelle interdiction relance un débat profond sur la capacité de l’Amérique à maintenir son statut de leader du “monde libre”.

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