Alors que l’administration Trump affirme vouloir cibler les criminels, les derniers chiffres révèlent une réalité bien différente.
Depuis janvier, les arrestations d’immigrants sans antécédents judiciaires ont bondi de plus de 800 %, selon les données publiées par le Transactional Records Access Clearinghouse (TRAC).
À la date du 1er juin, 51 302 personnes étaient détenues dans des centres de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) — un record absolu depuis la création de l’agence. Pourtant, moins d’un tiers de ces détenus ont été condamnés pour un crime, et seulement 8 % ont un casier judiciaire lié à une infraction grave, comme le révèle CNN, qui a eu accès à des documents internes de l’agence, a rapporté The Independent.
Depuis sa réélection, le président Donald Trump a relancé une vaste campagne de raids, affirmant vouloir expulser les “criminels dangereux”. “Nous allons débarrasser le pays des criminels les plus durs”, avait il promis. Mais en réalité, les arrestations visent de plus en plus des personnes sans aucune condamnation, ni même accusation en cours.
Avant le retour de Trump à la Maison Blanche, la proportion d’immigrants arrêtés par l’ICE sans dossier judiciaire avoisinait les 6 %. Depuis le 20 janvier, cette part a explosé à 23 %, soit 7 781 arrestations de personnes sans antécédents criminels ou charges en instance, a rapporté The Independent.
Les données recueillies par CNN révèlent que sur les 185 000 personnes détenues par l’ICE entre octobre et mai, seulement 10 % ont été condamnées pour des crimes considérés comme graves (meurtres, viols, agressions, vols). La majorité des condamnations concernent des délits mineurs — infractions routières ou violations administratives — que l’ICE classe tout de même comme des “crimes”.
Parmi les détenus ayant un casier, trois quarts n’ont pas été condamnés pour des faits violents. La politique actuelle privilégie donc l’augmentation numérique des arrestations, indépendamment de la gravité des infractions.
Cette augmentation s’inscrit dans une politique de quotas officieux.
D’après plusieurs sources, la secrétaire à la Sécurité intérieure Kirsti Noem aurait fixé un objectif de 3 000 arrestations par jour.
Trump a récemment annulé une directive protégeant les travailleurs agricoles contre les descentes de l’ICE et a ordonné une intensification des opérations dans les grandes villes gouvernées par les démocrates.
“Le peuple américain veut des villes, des écoles et des communautés sûres, libérées du crime, du chaos et des conflits causés par les étrangers illégaux”, a-t-il écrit sur Truth Social.
En dépit de cette intensification, les expulsions par la patrouille frontalière ont diminué, en partie parce que moins de migrants tentent actuellement de traverser la frontière sud. Cela crée un paradoxe : pour maintenir des chiffres élevés, l’ICE se tourne vers les résidents sans papiers vivant sur le sol américain — y compris ceux sans casier judiciaire, a fait remarqué The Independent qui déplore le manque de transparence de l’administration actuelle en ce qui concerne la publication des donnés liées aux arrestations de l’ICE qui ne publie plus de statistiques officielles détaillées depuis janvier, ce qui rend difficile la surveillance des tendances et la responsabilisation de l’agence.
Sources :
- Transactional Records Access Clearinghouse (TRAC)
- CNN, documents internes de l’ICE
- The Independent, article d’Alicja Hagopian, 23 juin 2025