Trump veut autoriser l’emploi de immigrants sans papiers, mais sous la “responsabilité” des employeurs

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Le président Donald Trump a déclaré vendredi que les agriculteurs américains pourraient continuer à employer des travailleurs immigrants en situation irrégulière s’ils acceptaient de prendre “la responsabilité” de ces employés. Une proposition qui suscite autant de perplexité que de critiques.

“Nous réfléchissons à quelque chose où, dans le cas d’agriculteurs bons et respectables, ils peuvent assumer la responsabilité des personnes qu’ils embauchent, et les laisser en être responsables, parce qu’on ne peut pas mettre les fermes en faillite, et en même temps, on ne veut pas nuire à des gens qui ne sont pas des criminels”,  a affirmé le président selon des propos rapportés par Latin Times.

Cette sortie de Donald Trump intervient après une série de déclarations contradictoires.
La semaine dernière déjà, Trump avait indiqué que les migrants travaillant dans des secteurs stratégiques comme l’agriculture pourraient être exemptés des raids migratoires, afin de ne pas déstabiliser des industries entières.

À la suite de ces déclarations, des consignes internes auraient été transmises à l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) pour réduire les opérations de contrôle dans l’agriculture, l’hôtellerie et la restauration, selon Latin Times. Mais la trêve a été de courte durée. Dimanche, le président a ordonné via Truth Social “ le plus grand programme de déportation de masse de l’histoire”, ciblant principalement les grandes villes dirigées par des démocrates.

Dès mardi, les descentes étaient relancées : près de 100 employés ont été interpellés à l’hippodrome Delta Downs à Vinton, en Louisiane. Selon Eric J. Hamelback, PDG de la National Horsemen’s Benevolent and Protective Association, des travailleurs se sont enfuis alors que des drones survolaient les lieux, a rapporté The Latin Times.

Les réactions n’ont pas tardé dans les milieux économiques.
D’après The Guardian, les travailleurs sans papiers représentent 4,6 % de la main-d’œuvre nationale, soit plus de 7 millions de personnes, souvent employés dans l’agriculture, la construction et l’hôtellerie.

Shay Myers, exploitant de Parma, l’une des plus grandes fermes d’oignons des États-Unis, a déclaré : “Nous ne nourrirons pas notre population sans ces travailleurs.”
Le département de l’Agriculture estime en effet que plus de 40 % des employés agricoles sont en situation irrégulière.

La situation actuelle a des répercussions concrètes sur le terrain.
Bloomberg rapporte que le marché de l’emploi a reculé en mai, en partie à cause d’une diminution des travailleurs nés à l’étranger.
En Californie, le comté agricole de Ventura et le Fashion District de Los Angeles font état d’absentéisme massif : après un raid de l’ICE le 6 juin, les visites dans le quartier commerçant ont chuté de 40 % et la fréquentation des employés a diminué de 24 %, selon les données recueillies par Bloomberg.

La proposition de Trump de déléguer une partie de la responsabilité juridique aux agriculteurs reste extrêmement vague. Aucun mécanisme précis n’a été exposé. Jeudi, Tom Homan, le responsable de la politique frontalière de Donald Trump a déclaré que les raids allaient se poursuivre, tout en assurant que les individus avec des antécédents criminels seraient prioritairement ciblés.

Mais avec les déclarations présidentielles de vendredi, la stratégie migratoire semble de nouveau fléchir — s’ajoutant à une confusion générale dénoncée par plusieurs associations d’employeurs.

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