ICE maintiendrait des migrants dans des centres de détention secrets, selon une enquête

Emmanuel Paul
Par
Emmanuel Paul
Journalist/ Storyteller
Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Une enquête du The Guardian révèle que l’Agence américaine de l’immigration et des douanes (ICE) détiendrait régulièrement des personnes dans des installations non officielles, parfois pendant plusieurs semaines, en violation des délais légaux.

Relayée par le Latin Times, l’enquête s’appuie sur des données fédérales identifiant au moins 170 sites de détention temporaire aux États-Unis. Vingt-cinq d’entre eux sont situés dans des bureaux régionaux de l’ICE. Conçus à l’origine pour des procédures administratives de courte durée — quelques heures tout au plus — ces lieux sont souvent de simples pièces en béton, sans lits ni commodités.

Si la politique interne de l’ICE limitait auparavant ces détentions à douze heures, un mémo publié en juin a porté ce délai à trois jours. Dans la pratique, cependant, l’enquête constate que de nombreux détenus sont maintenus bien au-delà de cette nouvelle limite.

Le centre de détention situé dans un immeuble fédéral de Manhattan illustre ces dérives. Depuis le changement de règle, la durée moyenne de détention y a augmenté de près de 600 %. Un homme de 62 ans y aurait été retenu plus de deux mois et demi. Au moins 63 autres migrants y sont restés plus d’une semaine entre l’investiture du président Donald Trump et la fin juillet.

Ces sites échappent presque totalement aux audits et inspections réguliers. L’ICE considère qu’ils ne constituent pas des centres de détention officiels, les excluant ainsi du cadre des normes fédérales. Les avocats n’y ont généralement pas accès.

Un ancien haut responsable de l’agence, resté anonyme s’exprimant sous conditions d’anonymat a informé que :ces installations n’ont jamais été conçues pour des séjours prolongés. (…) C’est exposer les gens à des risques de violences sexuelles et de négligence médicale. »

Des images tournées dans le centre new-yorkais montrent une vingtaine de détenus entassés dans une salle éclairée au néon, sans intimité, équipés uniquement de couvertures de survie. Plusieurs migrants ont déclaré être restés plusieurs jours sans douche, sans vêtements propres ni accès à un avocat. À la suite d’une plainte, un juge fédéral a ordonné à l’ICE de fournir des matelas, des repas, des brosses à dents et un accès à une assistance juridique.

Face à l’afflux de migrants, certains responsables justifient le recours à ces sites. Pour les défenseurs des droits humains, la révision de la règle en juin n’est qu’une tentative de légaliser a posteriori des pratiques abusives.

« C’est une manière pour l’ICE de se donner une marge de manœuvre afin de continuer à détenir des personnes dans des conditions qu’elle sait dangereuses », dénonce Amelia Dagen, du Amica Center for Immigrant Rights.

Un rapport conjoint de l’université Harvard et de Physicians for Human Rights, publié le 11 octobre, corrobore ces révélations. Il qualifie de « torture psychologique » l’isolement prolongé de près de 14 000 migrants depuis avril 2024.

Pour Paige Austin, de l’organisation Make the Road New York, ces pratiques traduisent « un système dépourvu de garde-fous »: « Il y a une absence totale de supervision. Restreindre l’accès des avocats, c’est une manière d’empêcher la transparence et la responsabilité. »

Ni l’ICE ni le Department of Homeland Security n’ont répondu aux sollicitations du Guardian. Ces révélations nourrissent les critiques visant un système d’immigration jugé de plus en plus opaque et accusé de violations graves des droits fondamentaux.

https://ctninfo.com/fr/?p=37876&preview=true

https://www.facebook.com/CaribbeanNewsMedia

Partager cet article