Haïti : plus de 23 000 armes et stupéfiants saisis depuis le début de l’année par les autorités américain

Mederson Alcindor
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Les services d’enquête de la sécurité intérieure des États-Unis ont saisi depuis le début de l’année plus de 23 000 armes et stupéfiants destinés à Haïti, a annoncé l’ambassade américaine dans un message publié ce vendredi 19 septembre 2025, sur Facebook et X. La valeur de ces marchandises est estimée à plus d’un million de dollars américains. Washington réaffirme sa volonté de poursuivre sa collaboration avec les autorités haïtiennes pour freiner le trafic d’armes et de drogue, soulignant que « la sécurité d’Haïti est importante pour les États-Unis ».

Selon le Bureau des Nations unies sur les droits humains, entre 270 000 et 500 000 armes circulent illégalement en Haïti, la majorité étant entre les mains de gangs. Ces armes, de plus en plus sophistiquées, proviennent principalement des États-Unis et, dans certains cas, de la République dominicaine ou de la Colombie. Fusils d’assaut et pistolets ont été interceptés dans des cargaisons dissimulées parmi des paquets de nourriture et de vêtements, illustrant la complexité des réseaux de trafic.

Une enquête menée par BBC World Service et BBC Verify a retracé le parcours de ces armes, révélant des failles dans le contrôle des cargaisons et des soupçons de corruption qui facilitent le contournement de l’embargo des Nations unies. Selon l’expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits humains en Haïti, William O’Neill, les gangs ont désormais accès à des armes automatiques, des fusils de précision et des munitions apparemment illimitées. Certains engins sont capables de percer des blindages, rendant extrêmement dangereuses les opérations de la police et des forces multinationales.

La violence armée permet aux gangs de contrôler des territoires, de s’affronter entre eux et de dominer la population. « Les gens sont menacés de mort s’ils ne se soumettent pas aux gangs », explique William O’Neill. La capitale, Port-au-Prince, est aujourd’hui largement sous leur contrôle, avec près de 85 % de la ville affectée par ces réseaux criminels.

Le spécialiste souligne que la principale solution réside dans l’interruption du flux de munitions. « Si les gangs manquaient de munitions, le type d’armes qu’ils possèdent n’aurait plus d’importance. Ils seraient anéantis faute de soutien et de moyens », affirme-t-il. Il plaide également pour un renforcement des inspections aux États-Unis, notamment en Floride, et pour davantage de moyens pour la police haïtienne, qui ne dispose que de 350 agents pour surveiller une frontière de 400 km.

L’expert rappelle l’importance de la coopération régionale et internationale. La République dominicaine, voisine d’Haïti, a un intérêt majeur à la stabilité du pays pour éviter la propagation de la violence. L’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU oblige tous les pays à prendre des mesures pour respecter les droits humains et limiter le trafic vers Haïti.

Plusieurs poursuites récentes aux États-Unis, dont l’extradition d’un ancien chef de gang haïtien, ont montré l’efficacité de sanctions et de lourdes peines, qui peuvent dissuader les trafiquants. Pour William O’Neill, stabiliser Haïti permettrait non seulement de réduire la violence, mais aussi de freiner l’émigration de nombreux Haïtiens désespérés, tout en ouvrant la voie à un développement économique et social durable.

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