Alors que l’horloge de la transition politique tourne inexorablement, l’Organisation des Nations unies (ONU) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la situation d’Haïti. À moins de quatre mois de l’échéance du 7 février 2026, date à laquelle un président et un Parlement élus devraient entrer en fonction, aucune élection ne semble en vue, plongeant le pays dans une incertitude institutionnelle croissante.
Réuni le mercredi 22 octobre 2025, le Conseil de sécurité de l’ONU a examiné la situation haïtienne à partir du dernier rapport du secrétaire général António Guterres. Son représentant spécial en Haïti, Carlos Ruiz Massieu, a averti que « le temps de la transition est compté » et qu’Haïti « ne peut se permettre un vide politique ».
Depuis son arrivée à Port-au-Prince en août, le diplomate dit avoir constaté la gravité de la crise et l’épuisement d’une population confrontée à la violence quotidienne.
Des élections incertaines et un pouvoir fragmenté car depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, Haïti n’a plus de dirigeants élus. Le Conseil présidentiel de transition, en place depuis avril 2024, peine à rétablir la confiance et à définir un calendrier électoral clair.
Selon António Guterres, les acteurs politiques haïtiens sont divisés sur la forme que doit prendre la prochaine phase de gouvernance : certains plaident pour un exécutif réduit à trois membres, d’autres pour la désignation d’un juge de la Cour de cassation comme président provisoire.
Plusieurs propositions circulent, dont une prolongation d’un an du mandat du Conseil actuel afin de permettre la tenue des élections d’ici octobre 2026. Cependant, aucun consensus ne se dégage encore.
Au-delà de l’impasse politique, l’insécurité continue de dévaster le pays. Entre janvier et août 2025, 1 303 personnes ont été assassinées, selon les chiffres de l’ONU, contre 419 sur la même période en 2024.
Les gangs armés poursuivent leurs attaques contre les civils et les forces de l’ordre, notamment dans l’Artibonite, le Centre et la région métropolitaine de Port-au-Prince. Une seule attaque à Cabaret, en juillet, a fait plus de 40 morts, dont plusieurs enfants.
Plus de 1,4 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, aggravant une crise humanitaire déjà dramatique.
Pressions internationales et appels au dialogue
Le Conseil de sécurité a renouvelé pour 12 mois le mandat du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) et celui de la Mission multinationale de soutien à la sécurité, tout en maintenant les sanctions ciblées contre les responsables du chaos actuel.
L’ambassadeur britannique Archibald Young a exhorté les autorités haïtiennes à « œuvrer sans relâche pour des élections libres et équitables », tandis que le représentant américain Mike Waltz a promis de poursuivre ceux qui financent ou arment les gangs.
Pour Christina Markus Lassen, représentante du Danemark, « un dialogue interhaïtien sincère demeure la seule voie » pour éviter l’effondrement institutionnel.
Face à la montée des violences et à la fatigue d’une population appauvrie, l’ONU appelle les dirigeants haïtiens à faire preuve de courage politique et de sens des responsabilités. « Le peuple haïtien n’a pas baissé les bras », a conclu Carlos Ruiz Massieu. « Mais le temps joue contre la stabilité du pays. Il faut agir maintenant. »
Le Premier Ministre, Alix Didier Fils-Aimé, a tenu la semaine dernière, une séance de travail avec les membres du Conseil Électoral Provisoire (CEP). Le Chef du Gouvernement a en outre encouragé le CEP à doter le pays, dans les meilleurs délais, d’un décret électoral et d’un calendrier clair, afin de garantir le bon déroulement des prochaines élections et renforcer la confiance du peuple haïtien dans le processus démocratique.
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