Haïti : Le décret électoral adopté puis publié, mais l’avancée électorale bute sur l’impasse sécuritaire

Darbouze Figaro

L’adoption du décret électoral, publié en urgence ce lundi 1er décembre, ouvre formellement la voie aux élections prévues pour 2026. Mais cette avancée institutionnelle, saluée par les autorités de transition, se heurte à un obstacle de taille : l’insécurité généralisée qui paralyse le pays et menace la tenue même du scrutin.

Le décret électoral a été adopté en Conseil des ministres et publié dans le journal officiel, Le Moniteur, dans la soirée du lundi 1er décembre. Cette étape juridique cruciale, présentée comme « un tournant décisif » par le conseiller présidentiel Frinel Joseph, transfère désormais le relais au Conseil Électoral Provisoire (CEP) pour la publication du calendrier détaillé.

Les autorités de transition, réunies autour du Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Laurent Saint Cyr, et du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, y voient la preuve d’une « marche irréversible » vers les urnes. L’objectif affiché est de tenir un scrutin « transparent, inclusif et sécurisé » pour un retour à « l’ordre constitutionnel », conformément à l’Accord du 3 avril 2024.

Le processus s’enclenche dans un calendrier serré et politiquement sensible. Le mandat du CPT, l’organe dirigeant la transition, expire le 7 février 2026. Or, selon le calendrier du CEP que le décret entérine, la campagne électorale pour le premier tour ne débuterait que le 15 mars 2026, et le scrutin n’aurait lieu que le 30 août 2026. Cette séquence laisse prévoir une période d’incertitude institutionnelle entre la fin du CPT et le véritable lancement de la campagne.

L’ombre omniprésente de l’insécurité
Derrière l’optimisme des communiqués officiels plane une question lancinante : comment organiser des élections dans un pays où l’État ne contrôle plus une grande partie de son territoire, notamment la capitale ?

La déclaration du Premier ministre, qui promet de « mobiliser toutes les ressources de l’État » pour garantir un processus « sécurisé », sonne comme un aveu du défi principal. Les gangs armés contrôlent les axes routiers, terrorisent les populations et ont montré leur capacité à paralyser toute activité nationale. La tenue d’une campagne électorale, l’acheminement du matériel, la sécurité des bureaux de vote et des électeurs représentent un défi logistique et sécuritaire sans précédent.
L’absence criante de forces de sécurité nationales suffisantes et équipées, et le retard dans le déploiement promis d’une force internationale plus robuste, créent un vide que les groupes criminels comblent. Sans une amélioration radicale de l’environnement sécuritaire dans les prochains mois, le calendrier électoral le plus précis risque de se heurter à la réalité d’une insécurité inopérable.

La prochaine étape : un calendrier dans l’attente des garanties

La balle est maintenant dans le camp du CEP pour publier le calendrier électoral officiel. Mais au-delà des dates, la véritable feuille de route devra impérativement inclure un plan crédible et financé pour le rétablissement d’un minimum d’ordre public. L’engagement des autorités sera jugé à l’aune de leur capacité à créer les conditions permettant non seulement d’édicter des décrets, mais aussi de permettre aux Haïtiens de voter sans craindre pour leur vie.

La population haïtienne et surtout la communauté internationale, qui presse Haïti d’organiser des élections, observent désormais si les acteurs nationaux pourront surmonter l’obstacle sécuritaire qui a fait échouer par le passé toute tentative de retour à la normalité démocratique.

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