Haïti : la République dominicaine cherche une réponse nationale face à la crise

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Face à l’aggravation de la crise en Haïti et à ses répercussions croissantes sur la République dominicaine, le président Luis Abinader a convoqué, le 14 mai 2025, une réunion exceptionnelle avec trois anciens chefs d’État : Leonel Fernández, Hipólito Mejía et Danilo Medina.

Cette rencontre de haut niveau, organisée au Palais national à Saint-Domingue, visait à élaborer une stratégie commune face à ce que les autorités dominicaines qualifient de crise « multidimensionnelle », affectant la sécurité, l’économie et la stabilité régionale.

Quatre mesures prioritaires annoncées

À l’issue de deux heures d’échanges, le gouvernement dominicain a présenté quatre mesures clés :

  1. La création de groupes de travail conjoints pour définir une politique nationale cohérente sur la question haïtienne.
  2. L’institutionnalisation du dialogue avec les anciens présidents via le Conseil économique et social (CES).
  3. La production régulière de rapports sur la sécurité nationale à destination des anciens dirigeants.
  4. L’harmonisation de la politique étrangère à travers des réunions bilatérales entre Abinader et ses prédécesseurs.

Le chef de l’État était accompagné de plusieurs hauts responsables, dont les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que des chefs des services de renseignement, de migration et des forces armées.

Inquiétudes sur l’effondrement de l’État haïtien

Les participants ont exprimé de vives préoccupations face à la situation en Haïti, marquée par l’absence de gouvernance, la montée des groupes armés et l’effondrement des services publics. Selon eux, cette instabilité représente une menace directe non seulement pour Haïti, mais également pour la République dominicaine.

Le président Abinader a rappelé les efforts diplomatiques déployés auprès de la communauté internationale — notamment l’ONU, l’OEA, la CARICOM, les États-Unis, le Canada et l’Union européenne — pour mobiliser un soutien accru.

Sécurité, migration et développement de la frontière

Sur le plan sécuritaire, les autorités dominicaines ont détaillé plusieurs mesures : construction d’une barrière frontalière, déploiement de troupes spécialisées, et utilisation de technologies de surveillance avancées pour mieux contrôler la frontière. Ces dispositifs visent à lutter contre les trafics illégaux et à préserver la souveraineté nationale.

Les dirigeants ont également insisté sur la nécessité de développer les provinces frontalières afin d’apporter une réponse durable aux défis migratoires et sécuritaires.

S’agissant de la migration, ils ont réaffirmé l’engagement du gouvernement à appliquer la loi tout en respectant les droits humains. Les opérations de rapatriement d’étrangers en situation irrégulière ont été défendues, à condition qu’elles respectent les normes nationales et internationales.

Le président Abinader a conclut en disant : “qu’il n’y a pas, et il n’y aura pas, de solution dominicaine à la crise d’Haïti.”

À noter : entre septembre 2024 et mai 2025, 226 117 Haïtiens en situation irrégulière ont été rapatriés, selon un rapport publié le 15 mai par les autorités dominicaines.

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