Haiti : face aux gangs, le gouvernement appelle le Conseil de sécurité à passer à l’action

Mederson Alcindor

Le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, a pris la parole, mardi 9 septembre 2025, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies lors d’une réunion de haut niveau consacrée à la crise en Haïti. Le chef du gouvernement a exprimé le soutien de son pays à un projet de résolution visant à transformer la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en une « Force de suppression des gangs », dotée d’un mandat plus robuste et opérationnel.

Selon le Premier ministre, cette évolution représente une étape essentielle pour contenir la violence des groupes armés qui contrôlent plusieurs zones du territoire. Il a rappelé que la crise actuelle, marquée par des déplacements massifs, la fermeture d’écoles et l’effondrement d’activités économiques, dépasse les seules capacités nationales. « Haïti ne peut, seule, vaincre un phénomène criminel aussi organisé et financé », a-t-il déclaré.

Le projet de résolution, déposé par les États-Unis et le Panama, prévoit le déploiement d’environ 5 500 militaires, sous direction kenyane, avec l’appui d’un bureau logistique de l’ONU. Cette initiative a affiché est de donner aux forces internationales les moyens non seulement de soutenir la Police nationale d’Haïti, mais aussi de neutraliser directement les gangs.

À Addis-Abeba, en marge du 2e sommet Afrique–CARICOM, le conseiller-président Edgard Leblanc Fils, chef de la délégation haïtienne, a également réitéré cette demande. Lors d’une rencontre bilatérale avec le président kényan William Ruto, il a salué le professionnalisme des troupes déjà déployées dans le cadre de la mission, tout en appelant à un soutien international durable.

De son côté, le président Ruto a confirmé sur le réseau X avoir plaidé, avec son interlocuteur haïtien, pour une adoption rapide de la résolution au Conseil de sécurité. Selon lui, un appui renforcé est indispensable pour stabiliser Haïti et garantir la réussite du processus politique et démocratique.

Pour le gouvernement haïtien, la transformation de la MMAS est une condition préalable à la tenue d’élections crédibles et à la relance du développement. « Sans sécurité, il n’y aura ni gouvernance stable, ni réconciliation sociale », a insisté le Premier ministre.

La proposition de résolution sera examinée dans les prochains jours par les membres du Conseil de sécurité. Son adoption pourrait constituer un tournant majeur dans la lutte contre les gangs armés en Haïti, en offrant un cadre international structuré pour appuyer les forces nationales et rétablir l’autorité de l’État.

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