La délégation d’Haïti a voté en faveur de la résolution des Nations unies permettant au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de présenter son discours lors de la 80ᵉ Assemblée générale la semaine prochaine.
La résolution a été introduite après que les États-Unis ont décidé de révoquer le visa du président Abbas et de 80 autres membres du gouvernement palestinien.
La résolution, adoptée par 145 voix pour, 5 contre et 6 abstentions, autorise « l’État de Palestine à soumettre une déclaration préenregistrée de son président, qui sera diffusée dans la salle de l’Assemblée générale ».
Israël, Nauru, Palaos, le Paraguay et les États-Unis ont voté contre, tandis que l’Albanie, Fidji, la Hongrie, la Macédoine du Nord, le Panama et la Papouasie-Nouvelle-Guinée se sont abstenus. Tous les autres pays membres ont approuvé la résolution.
Les États-Unis et Israël ont fait tout leur possible pour empêcher le président de l’Autorité palestinienne de présenter son discours à la plus grande tribune des leaders mondiaux. Dans l’intervalle, un nombre croissant de pays, dont la France, l’Espagne et l’Afrique du Sud, poussent pour la reconnaissance formelle de l’État palestinien. Ils entendent présenter une résolution en ce sens lors de l’Assemblée générale de l’ONU la semaine prochaine, une décision dénoncée par l’administration Trump et le Premier ministre israélien.
Ce vote intervient alors que Ramallah avait officiellement demandé à Washington de rétablir le visa d’Abbas, afin qu’il puisse diriger la délégation palestinienne et prononcer son discours en personne devant les dirigeants mondiaux, selon ce qu’a rapporté Al Jazeera.
« C’est une situation très inhabituelle », a rapporté James Bays, rédacteur diplomatique d’Al Jazeera depuis New York. « Tous les dirigeants viennent à l’AGNU pour prononcer leurs discours. Cette fois-ci, Mahmoud Abbas s’est vu refuser un visa, une décision exceptionnelle qui reflète une tension politique majeure. »
Pour Bays, le vote massif en faveur d’un discours vidéo d’Abbas constitue « un reflet de l’opinion internationale sur la Palestine et Gaza » et démontre « qu’un nombre très limité de pays soutiennent la position d’Israël et des États-Unis ».
La légalité du refus américain mise en cause
Plusieurs diplomates et responsables onusiens estiment que la décision américaine contrevient à l’Accord du pays hôte, qui oblige les États-Unis, en tant que pays accueillant le siège des Nations unies, à permettre l’accès des chefs d’État et de gouvernement aux réunions annuelles.
L’administration Trump a déjà été critiquée pour avoir imposé des restrictions similaires lors de sessions précédentes, mais la révocation massive de visas à des officiels palestiniens reste sans précédent.
La décision intervient alors que la guerre menée par Israël contre les Palestiniens dans la bande de Gaza continue de susciter une condamnation internationale croissante. Selon les autorités sanitaires locales, au moins 65 141 personnes ont été tuées et 165 925 blessées depuis le début des hostilités en octobre 2023, tandis que des milliers de victimes seraient encore ensevelies sous les décombres.
Dans le même temps, la violence des colons israéliens et des forces militaires dans le territoire occupé de Cisjordanie a intensifié la pression sur Washington, accusé de protéger Israël de résolutions onusiennes contraignantes.
Face à cette situation, un nombre croissant de pays, notamment en Europe, ont annoncé leur intention de soutenir la reconnaissance de l’État de Palestine lors des débats de septembre à l’ONU.
Le débat général s’ouvrira mardi, après un sommet organisé lundi par la France et l’Arabie saoudite visant à relancer la perspective d’une solution à deux États. Gaza devrait y dominer les interventions.
« Gaza est le sujet numéro un à l’Assemblée générale », a souligné James Bays.
La décision américaine de bloquer Abbas risque d’alimenter les divisions diplomatiques et de donner plus d’écho aux appels internationaux en faveur d’une reconnaissance de la Palestine.