Un premier contingent de 150 soldats ont laissé Haïti Jeudi à destination du Mexique pour une formation militaire de trois mois.
Cette initiative s’inscrit dans un programme plus large visant à renforcer les capacités des forces haïtiennes dans un contexte de crise sécuritaire aiguë, selon ce qu’a révélé CNN qui n’a pas mentionné la composition du contingent.
“Il s’agit d’un volet important de notre feuille de route pour restaurer la sécurité, relancer les institutions publiques et ouvrir la voie à des élections démocratiques “, a déclaré le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, dans un communiqué officiel publié par son gouvernement. “Cela illustre la ferme détermination du gouvernement à rétablir l’ordre républicain, à restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, et à garantir la protection de chaque citoyen”, a fait savoir la Primature dans son communiqué.
Au total, 700 soldats haïtiens sont censés suivre cette formation au Mexique dans les prochains mois, selon les autorités haïtiennes.
« Cette formation s’inscrit dans le cadre d’un programme de coopération militaire ambitieux, par lequel le gouvernement mexicain s’est engagé à former un total de 700 soldats haïtiens. Historiquement centrée sur la formation spécialisée, la coopération militaire entre Haïti et le Mexique a pris une nouvelle dimension avec l’arrivée du ministre Jean-Michel Moïse, qui a sollicité l’appui du Mexique pour encadrer la formation de nouvelles recrues », a indiqué un autre communique du Ministère de la Défense.
Le communiqué souligne que « le renforcement des effectifs militaires s’impose aujourd’hui comme une priorité, face à la recrudescence de la violence dans le pays », tout en déplorant le manque de camps d’entraînement et d’infrastructures adéquates en Haiti.
CNN affirme avoir contacté le gouvernement mexicain pour obtenir des précisions sur le contenu du programme et les modalités de l’encadrement, mais n’a pas encore reçu de réponse.
Le choix du Mexique n’est pas anodin. Les forces de sécurité mexicaines disposent d’une longue expérience dans la lutte contre des groupes armés, notamment les cartels de la drogue, même si ces efforts n’ont pas permis de faire baisser durablement les niveaux de violence dans le pays. Les homicides y restent à des niveaux proches des records historiques, a rappelé CNN.
Alors que le Ministère de la Défense recevait, mercredi 24 juillet 2025, une délégation officielle en provenance du Mexique dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale entre nos les nations, les responsables mexicains ont remis aux autorités haïtiennes des d’équipements militaires « destinés à soutenir la modernisation et la montée en puissance des forces armées d’Haïti. »
Entretemps, la situation sécuritaire continue de se dégrader sur le terrain en Haïti, ce, malgré les appels répétés à l’aide internationale. Ces dernières années, des milliers de personnes ont été tuées ou blessées lors d’attaques de gangs, et près de 1,3 million de personnes sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays, selon les données les plus récentes de l’ONU.
L’année dernière, Haïti avait accueilli plusieurs centaines de policiers kenyans dans le cadre de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), un effort largement financé par les États-Unis. Toutefois, malgré cette présence internationale, la violence ne faiblit pas. Depuis le déploiement de la MSS, les gangs ont élargi leur champ d’action, notamment vers des zones rurales stratégiques comme la région de l’Artibonite, cruciale pour la production agricole du pays.
Selon l’ONU, les affrontements dans cette région ont récemment provoqué le déplacement de 15 000 personnes supplémentaires. Deux policiers kenyans auraient déjà perdu la vie depuis leur arrivée, selon les sources citées par CNN.
Le gouvernement haïtien continue donc de chercher des solutions complémentaires. L’envoi de troupes au Mexique s’inscrit dans cette dynamique, bien que l’efficacité à court terme de ces mesures reste incertaine.
« Ce que nous espérons, c’est une montée en puissance progressive de nos forces nationales », aurait déclaré un haut responsable de la sécurité haïtienne à CNN, sous couvert d’anonymat. « Nous avons besoin d’un noyau solide, formé et discipliné, pour rétablir un minimum d’ordre. »
Alors que le pays reste sans président élu depuis l’assassinat de Jovenel Moïse en 2021, et que les institutions judiciaires et administratives sont largement paralysées, le renforcement des capacités militaires est perçu par l’exécutif comme un préalable nécessaire à tout retour à la stabilité.
Aucune date précise n’a été communiquée quant au retour du premier groupe de soldats ayant laisse Port-au-Prince cette semaine, ni sur les étapes suivantes du programme.