Haïti : Des anciens Premiers ministres sonnent l’alarme face à la menace d’un vide institutionnel en 2026

Darbouze Figaro
Categories: Haïti Politique

Le Forum des anciens Premiers ministres (FAPM) d’Haïti a interpellé le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le mettant en garde contre une « éventuelle catastrophe politique » à l’horizon du 7 février 2026, à travers une déclaration publique en date du 9 septembre 2025,

Cet avertissement solennel, teinté d’un sentiment d’urgence extrême, souligne le risque d’un vide institutionnel si aucune mesure n’est prise pour assurer une transition légitime. Cependant, la crédibilité de cet appel est immédiatement remise en question par le parcours de ses signataires, dont plusieurs ont contribué à la crise actuelle qu’ils dénoncent.

Le FAPM dresse d’abord un tableau sombre et réaliste de la situation en Haïti, un constat que partagent la plupart des observateurs. Il note l’échec anticipé du CPT à organiser le référendum constitutionnel et les élections générales prévus par son « mandat ». La date du 7 février 2026, qui marque la fin théorique du « mandat » du Conseil, pourrait ainsi ouvrir une période d’impasse et d’anarchie totale, sans autorités dotées d’une légitimité minimale.

La déclaration énumère les maux qui accablent le pays : un « chaos sécuritaire » qui paralyse le pays, une « asphyxie économique et sociale », une « instabilité politique chronique », et un isolement international croissant symbolisé par l’arrêt des vols internationaux et la fermeture des frontières avec la République voisine.

Face à ce scénario catastrophe, le Forum propose une solution : l’application de l’article 136 de la Constitution qui permettrait la convocation urgente par le CPT d’une  » assise nationale inclusive ».  Celle-ci devrait rassembler les « forces vives de la Nation » : partis politiques, églises, secteur privé, organisations de jeunesse et de femmes, société civile et diaspora, entre autres.

L’objectif déclaré est noble : créer un agenda réaliste « des Haïtiens pour Haïti » pour assurer la gouvernance au-delà de février 2026, en mettant « au centre la volonté souveraine du peuple haïtien » plutôt que de dépendre uniquement des solutions internationales.

Le FAPM souligne que « l’avenir d’Haïti concerne d’abord et avant tout les Haïtiens » et appelle à « dépasser les logiques de dépendance ». Il pointe du doigt les « maladresses de certaines décisions internationales » et l’échec des multiples missions de maintien de la paix à inverser la tendance

Cet argument, s’il est juste, pourrait aussi être interprété comme un discret mea culpa. En effet, bon nombre de ces anciens dirigeants ont gouverné sous la tutelle ou en étroite collaboration avec ces mêmes acteurs internationaux qu’ils critiquent aujourd’hui. Leur appel à l’auto-détermination sonne donc comme une reconnaissance implicite de leur propre incapacité passée à s’émanciper de cette dépendance pour offrir une « direction claire et rationnelle » au pays.

Malgré le lourd passif de ses membres, la déclaration du FAPM reste un signal d’alarme crucial. Elle confirme que la classe politique haïtienne, même ses figures les plus établies, prend conscience de l’abîme vers lequel se dirige le pays.

La pertinence de leur proposition – une large consultation nationale – n’est pas négligeable. Dans un contexte de défiance généralisée envers toute autorité, une telle assise inclusive semble être la seule piste viable pour tenter de recréer un minimum de consensus et éviter le chaos absolu.

Le temps n’est plus aux querelles de légitimité personnelle, mais à la survie de la nation. L’après-7 février 2026 se prépare aujourd’hui. Et si le message est porté par des voix controversées, son contenu n’en est pas moins vital pour l’avenir de tous les Haïtiens.

https://ctninfo.com/fr/haiti-des-anciens-premiers-ministres-sonnent-lalarme-face-a-la-menace-dun-vide-institutionnel-en-2026/

https://www.facebook.com/CaribbeanNewsMedia

 

Partager cet article