Tandis que Port-au-Prince se trouve désormais largement sous l’emprise des gangs, deux représentants du Congrès américain ont déposé une proposition de loi bipartisane visant à contraindre l’administration Trump à élaborer une stratégie précise et harmonisée pour faire face à la désintégration de l’État haïtien.
Cette initiative survient dans un climat d’inquiétude grandissante des Nations Unies, qui alertent sur un danger imminent d’anarchie totale.
La proposition, intitulée Strategy to Address Key Priorities Affecting Security and Empowerment in Haiti Act of 2025, a été présentée à la Chambre des représentants par le démocrate Gregory Meeks, leader de son parti à la commission des affaires étrangères. Le républicain Greg Murphy, représentant de Caroline du Nord, en est le coauteur.
« Le niveau de souffrance humaine en Haïti est tout simplement inacceptable, et nous avons besoin d’une stratégie globale pour y répondre », a déclaré Meeks, cité par The Latin Times.
Greg Murphy, ayant servi comme médecin missionnaire en Haïti, a mis en avant la valeur de cette démarche bipartisane : « Le texte présenté aujourd’hui reflète un engagement commun à adopter une stratégie complète qui soutiendra le peuple haïtien dans cette crise humanitaire et sécuritaire aiguë », a-t-il affirmé, selon les propos rapportés par The Latin Times.
Le projet de loi demanderait au secrétaire d’État Marco Rubio de soumettre, dans les 90 jours suivant l’adoption du texte, une stratégie détaillée pour combattre les groupes armés qui déstabilisent le pays. Le Congrès recevrait ensuite un point de situation sous 120 jours, puis un compte-rendu annuel durant cinq ans. La démarche nécessiterait aussi des consultations avec le gouvernement haïtien et les partenaires internationaux.
L’initiative des deux élus intervient alors que l’ONU lance un nouveau signal d’alarme. Lors d’une récente session du Conseil de sécurité sur la situation en Haïti, Ghada Fathy Waly, directrice exécutive de l’ONUDC, a indiqué que « 90 % de la capitale haïtienne est désormais entre les mains des gangs ».
Elle a également noté une intensification des violences dans le sud, jusqu’ici relativement préservé, et l’extension des activités criminelles sur les axes de transit, particulièrement aux postes frontaliers de Belladère et Malpasse, où des agressions contre les forces de l’ordre et les douanes ont été signalées.
De son côté, Miroslav Jenča, secrétaire général adjoint de l’ONU, a prévenu que l’encerclement progressif de Port-au-Prince précipite Haïti vers l’effondrement. « Sans action renforcée de la communauté internationale, l’effondrement total de la présence de l’État dans la capitale pourrait devenir une réalité », avait-il déclaré lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies au début de cette semaine.