La localité de Laboderie, située entre les communes de Cabaret et de l’Arcahaie (à des dizaines de kilomètres au nord de Port-au-Prince), a été le théâtre, jeudi 11 septembre 2025, d’une attaque d’une brutalité inouïe perpétrée par des individus lourdement armés. Selon des sources locales concordantes, au moins quarante personnes ont perdu la vie dans ce qui s’apparente à un massacre de civils sans défense.
Selon les témoignages recueillis sur place, les assaillants, qui seraient liés à des groupes criminels opérant dans la commune limitrophe de Cabaret, ont frappé en fin de journée, sans distinction. Femmes, enfants et personnes âgées ont été pris pour cibles. Certaines victimes ont été abattues par balles, d’autres exécutées sommairement à l’arme blanche dans des conditions atroces.
Cette attaque aurait été perpétrée en représailles aux pertes infligées aux gangs lors des récents affrontements avec les forces locales – police et brigades civiles d’auto-défense – de la commune de l’Arcahaie, où les tensions sont vives depuis plusieurs jours.
Ce nouveau massacre ayant fait plus d’une quarantaine de morts et des blessés s’inscrit dans un contexte d’escalade persistante de la violence et d’inaction criante des autorités.
Dans un communiqué publié vendredi, le Collectif défenseur Plus a condamné des « exécutions barbares commises sans discernement », exhortant le gouvernement de transition à assumer ses responsabilités afin de prendre des mesures immédiates pour réprimer les groupes armés ; renforcer les capacités opérationnelles de la Police nationale et des Forces armées d’Haïti ; et d’apporter une assistance humanitaire et psychosociale aux populations victimes.
L’organisation de promotion et de défense des droits humains invite également la communauté internationale à passer de la parole aux actes afin d’apporter un appui réel au pays pour résoudre la crise sécuritaire.
Cette attaque survient alors que le gouvernement haïtien a annoncé en grande pompe le lancement d’une vaste opération visant à reconquérir le centre-ville de Port-au-Prince, intégralement contrôlé par les gangs.
« L’État travaille avec des membres de la population pour reprendre le contrôle du centre-ville de Port-au-Prince. Petit à petit, la vie reprend dans le pays, notamment dans la capitale. », a indiqué le Primature dans une vidéo d’à peine 3 minutes diffusée jeudi soir sur les réseaux sociaux.
Le gouvernement a affirmé que la Police nationale d’Haïti, les Forces armées mènent actuellement des opérations d’envergure et sans relâche dans le centre-ville de Port-au-Prince en vue de reprendre le contrôle des zones occupées par les bandits criminels.
Selon la Primature, près de 1 000 m³ de déchets et plus de 200 véhicules abandonnés ou incendiés par les bandits ont déjà été enlevés par le ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) qui a mobilisé des équipements pour déblayer et réparer les routes endommagées afin que la vie puisse reprendre normalement.
Ce contraste frappant entre les déclarations officielles et la réalité sur le terrain souligne l’ampleur du défi sécuritaire et l’urgence d’une intervention étatique efficace, non seulement dans la capitale mais aussi dans les zones périphériques, pour mettre fin à l’impunité et restaurer un minimum de sécurité.
