Haïti : Après la capitale, Mirebalais au bord du chaos sous l’assaut des gangs armés

Mederson Alcindor

Mirebalais, une ville emblématique du département du Centre, semble sur le point de devenir un territoire perdu, sombrant dans un chaos grandissant après une attaque d’une ampleur inquiétante. Tôt ce matin du 31 mars, les habitants de cette commune ont été plongés dans la terreur à la suite d’une offensive brutale menée par les gangs de la coalition Viv Ansanm, notamment ceux de Canaan.

L’attaque a débuté dès 3 heures du matin. Profitant de la confusion et du sommeil des habitants, les assaillants ont pris d’assaut les premières lignes de défense de la ville. En dépit des efforts héroïques des brigadiers locaux, surnommés Bakòp Feray, leur résistance n’a pas suffi. Après plus de deux heures de combats acharnés, les gangs ont réussi à progresser, semant la panique parmi la population.

Les tirs nourris ont résonné dans les rues, déchirant la quiétude du matin. Plusieurs quartiers sont rapidement devenus des zones de tension extrême. L’attaque a créé un climat de terreur insoutenable, forçant de nombreux habitants à fuir leurs foyers.

Au fur et à mesure que la violence se déchaînait, la population de Mirebalais, désespérée et livrée à elle-même, s’est vue contrainte de fuir la ville. Munis de valises et de maigres possessions, enfants et adultes se sont précipités hors de leurs maisons, cherchant désespérément un refuge plus sûr. Parmi eux, certains ne portaient que les vêtements qu’ils avaient sur le dos, témoignage accablant de la brutalité et de la rapidité de l’attaque.

Cet exode massif a pris une ampleur dramatique, alimenté par la peur d’une violence aveugle et l’incapacité des autorités locales à contenir l’assaut. De nombreux résidents se sont dirigés vers des zones plus sécurisées, espérant échapper à la folie des gangs, tandis que d’autres se sont réfugiés dans des maisons voisines ou des abris de fortune. Cependant, la situation reste incertaine et chaotique, et beaucoup ne savent pas où se réfugier pour échapper à la violence.

Les brigadiers Bakòp Feray, appuyés par un nombre insuffisant de policiers, se battent sans relâche depuis l’aube pour défendre la ville. Mais malgré leur bravoure, ils sont submergés par l’ampleur de l’assaut. L’absence de renforts significatifs de la part des forces nationales de sécurité fragilise encore davantage leur position. En l’absence d’une assistance suffisante, leur capacité à protéger la ville diminue de minute en minute.

L’attaque contre Mirebalais n’est qu’un épisode parmi tant d’autres dans la vague de violences qui dévaste Haïti depuis plusieurs années. Les gangs, comme ceux de la coalition Viv Ansanm, ont de plus en plus d’emprise sur les territoires, semant l’anarchie et imposant un climat de terreur. Le gouvernement, déjà fragilisé par une crise politique et économique de grande envergure, peine à rétablir l’ordre, laissant des villes comme Mirebalais vulnérables aux attaques.

Les autorités locales, bien qu’engagées sur le terrain, manquent de ressources et d’équipements pour endiguer l’influence croissante des gangs. La situation ne cesse de se dégrader, et Mirebalais, ainsi que d’autres régions du pays, semblent désormais vouées à un avenir incertain. Jusqu’à présent, aucun renfort substantiel n’a été envoyé par les forces de sécurité nationales.

La situation à Mirebalais est loin d’être résolue, et les autorités haïtiennes se retrouvent face à un défi colossal. La ville risque de devenir un autre symbole de la dévastation qu’Haïti subit depuis trop d’années. Autrefois paisible, Mirebalais semble désormais au bord du gouffre, plongée dans un abîme de violence et de chaos. La question demeure : les autorités, à court de moyens et d’alliés, pourront-elles faire face à ce défi, ou cette situation marquera-t-elle le début d’un déclin irréversible pour cette région du pays ? Seul l’avenir le dira, mais en attendant, l’incertitude et la peur continuent de dominer le quotidien de ses habitants.

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