Port-au-Prince, mardi 9 décembre 2025 – Un cinquième contingent de 230 policiers spécialisés de la République du Kenya est arrivé en Haïti ce lundi 8 décembre. Leur mission est de renforcer la sécurité et d’intensifier la lutte contre la violence des gangs qui ravage le pays.
Selon la Force de Répression des Gangs (FRG), ce nouveau personnel s’intègre à la nouvelle force autorisée par l’ONU et approuvée par la Résolution 2793 (2025) du Conseil de sécurité.
La FRG indique qu’il s’agit d’une étape décisive dans son engagement à collaborer étroitement avec la Police nationale d’Haïti (PNH) et d’autres institutions pour combattre les gangs armés.
« Le nouveau personnel déployé a suivi une formation rigoureuse et s’engage à respecter le droit international des droits humains ainsi qu’un code de conduite strict, tout en adhérant à la politique de tolérance zéro de la FRG en matière de violations des droits humains », peut-on lire dans un communiqué. « De plus, les troupes travailleront en étroite coordination avec les autorités haïtiennes, les Forces armées d’Haïti et la PNH ».
La FRG affirme, sur sa page Facebook, que ses opérations « robustes et ciblées » ont permis depuis son autorisation de démanteler des organisations criminelles, menant à des « avancées progressives ».
Une insécurité persistante malgré la présence internationale
Cependant, le défi reste immense. Malgré l’arrivée des premiers 400 policiers kényans depuis le 25 juin 2024 dans le cadre de l’ancienne Mission multinationale d’appui la sécurité, la violence gangrène toujours le pays. Rien que dans le département de l’Artibonite, entre janvier et septembre 2025, 24 attaques armées ont causé la mort d’au moins 84 personnes et fait de nombreux blessés.
La soirée du samedi 29 novembre 2025 a été marquée par une nouvelle attaque du gang « Gran Grif » à Pont-Sondé, dans le Bas-Artibonite. Le bilan provisoire fait état d’une douzaine de morts et d’une vingtaine de maisons incendiées. Ce raid rappelle le massacre du 3 octobre 2024, où plus de 70 personnes avaient été tuées par le même groupe criminel, malgré la présence des troupes internationales.
Sur le terrain, les conséquences sont dramatiques : les établissements scolaires peinent à fonctionner, l’activité économique reste paralysée et un climat de méfiance s’est installé dans la population.
Le même 8 décembre, un groupe de 100 Kényans ayant terminé leur mission a quitté le pays. En accueillant les nouvelles troupes, Laurent Saint-Cyr, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), a salué le travail des officiers repartants, selon un communiqué de la présidence. Il a assuré les troupes restantes d’une « collaboration harmonieuse » entre les autorités haïtiennes, les Forces armées et la PNH.
« Au nom du Conseil et du peuple haïtien, j’exprime ma gratitude envers le Kenya pour son soutien dans la lutte visant à rétablir la sécurité en Haïti », a déclaré M. Saint-Cyr, soulignant l’importance d’un partenariat solide pour répondre aux attentes de la population et créer les conditions d’élections menant à une stabilité durable. Il a assuré que le conseil et le gouvernement prendraient toutes les mesures nécessaires pour appuyer la mission.
Pour sa part, le chef de la délégation kényane, Joseph Boinett, a transmis les salutations du président William Ruto, réaffirmant que le Kenya « se tiendra aux côtés du peuple haïtien pour garantir la paix et la stabilité durant cette phase de transition ». Il a également remercié la communauté internationale pour son soutien.
Le commandant de la force multinationale, Godfrey Otunge, a souhaité la bienvenue aux renforts, affirmant que leur arrivée à un « moment critique » jouera un rôle essentiel dans la consolidation des progrès. Il a aussi salué l’engagement des autres nations présentes, comme le Guatemala, le Salvador, les Bahamas et la Jamaïque.
Les nouveaux arrivants, accompagnés de la délégation kényane dirigée par le Conseiller adjoint à la Sécurité nationale du Kenya, Joseph Boinett, ont été accueillis à leur descente d’avion par le président Saint-Cyr, ainsi que par le commandant des Forces armées d’Haïti, le lieutenant-général Derby Guerrier, le directeur général de la PNH, Vladimir Paraison, et des membres du corps diplomatique, dont les ambassadeurs du Canada et de France, et le consul général du Kenya en Haïti.



