La Force de répression des gangs (GSF) a reçu, le mardi 21 octobre 2025, l’Ambassadeur et Représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies, Bob Rae, à la base aérienne LSA2.
Cette visite marque le plus haut niveau diplomatique de l’ONU depuis la transition de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) à la nouvelle Force de répression des gangs (GSF) le 3 octobre dernier.
Accompagné de l’Ambassadeur du Canada en Haïti, André François Giroux, et d’une délégation de hauts fonctionnaires, M. Rae a salué le professionnalisme et le dévouement des agents de la GSF, dirigés par le Colonel Eldon Morgan, Commandant adjoint de la Force. L’ambassadeur a réaffirmé l’engagement des Nations Unies et du Canada à soutenir la GSF, soulignant le rôle crucial de la force dans le rétablissement de la sécurité et de la stabilité nationale face à l’insécurité croissante liée aux gangs.
Le Canada apporte une contribution supplémentaire de 60 millions de dollars, intégrant une initiative régionale de sécurité maritime pour renforcer les capacités régionales dans la lutte contre le crime organisé transnational en Haïti et dans les Caraïbes. « Le temps est compté pour assurer une transition harmonieuse et efficace », a déclaré M. Rae, insistant sur la coopération internationale et l’importance de déployer davantage de personnel d’ici avril 2026.
La visite a également mis en lumière le rôle des femmes dans la GSF. L’ambassadeur Rae a rencontré des policières et militaires, en célébrant le 25e anniversaire de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui promeut le programme « Femmes, paix et sécurité ». L’inspectrice en chef Veronica Wanjiru, du Kenya, a pris la parole au nom des 47 femmes du personnel de la GSF, soulignant leur contribution essentielle dans les opérations sur le terrain.
La GSF, déjà opérationnelle sur le terrain selon les responsables, comptera jusqu’à 5 500 membres en uniforme et 50 employés civils, assurant une couverture plus large sur le territoire haïtien. Ses missions incluent la neutralisation des groupes armés, l’arrestation de membres de gangs présumés, la protection des infrastructures stratégiques – ports, aéroports, hôpitaux et écoles – et la sécurisation des voies de transit pour garantir l’accès humanitaire.
Le déploiement bénéficiera d’un soutien international important. Les États-Unis ont fourni récemment 20 véhicules blindés de transport de troupes, cinq étant déjà affectés à la région de l’Artibonite. Ces équipements renforcent les opérations conjointes menées avec la Police nationale d’Haïti et les Forces armées d’Haïti, notamment pour sécuriser l’Hôpital Albert Schweitzer à Deschapelles.
Dans ce contexte de violence persistante, marquée par des attaques ciblées de gangs à Port-au-Prince, Kenscoff et l’Artibonite, la GSF reste déterminée à protéger les communautés et à soutenir la stabilité nationale. Le Bureau d’Appui des Nations Unies en Haïti (UNSOH), dont l’établissement est prévu d’ici au mois d’avril, fournira un soutien logistique, médical et opérationnel essentiel pour renforcer l’efficacité des interventions de la GSF.
Face à une crise sécuritaire majeure, la visite de Bob Rae souligne l’importance du soutien international tout en rappelant que l’efficacité de la GSF dépendra d’une action concertée des autorités haïtiennes. Renforcer durablement la Police nationale, les Forces armées et les institutions chargées de la sécurité reste essentiel pour permettre à Haïti de retrouver la paix, la stabilité et la confiance de sa population dans ses institutions.
Toutefois, la répétition des échecs passés, où des forces internationales ont été déployées sans que la situation ne soit véritablement stabilisée, rappelle la complexité du défi haïtien. L’efficacité de la nouvelle GSF, qui peut jouer un rôle déterminant pour contenir la criminalité, reste néanmoins conditionnée à des mesures nationales fortes visant à renforcer durablement la Police nationale d’Haïti, les Forces armées et l’ensemble des institutions chargées de la sécurité. Sans cette coordination et cet engagement interne, même un soutien international massif risque de ne pas suffire à restaurer durablement la paix et la stabilité dans le pays.
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