Après plus de deux semaines d’angoisse passées au Mexique, Evenezer Cortez Martinez, bénéficiaire du programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals), a pu retourner aux États-Unis le mardi 8 avril, selon les informations confirmées à Newsweek par son avocate, Me Rekha Sharma-Crawford.
Cortez Martinez s’était rendu dans son pays natal le 20 mars dernier pour rendre visite à sa famille et se recueillir sur la tombe de son grand-père. Il était en possession d’un document de voyage appelé « parole anticipée », qui lui permettait légalement de quitter temporairement le pays dans le cadre de son statut DACA.
Mais à son retour, le 23 mars à l’aéroport international de Dallas-Fort Worth, il a été arrêté par les agents de la douane et des frontières (CBP), qui ont refusé son entrée.
Les autorités avaient évoqué une décision d’expulsion rendue en son absence (« in absentia ») en juin 2024, affirmant que son document de voyage avait été émis par erreur.
Dans un dossier déposé devant le tribunal fédéral du district nord du Texas, Me Sharma-Crawford a précisé que « M. Cortez Martinez était bien en possession de son autorisation DACA approuvée ainsi que d’un document de parole anticipée valide », a rapporté Newsweek. Elle a également indiqué que ce document restait valable jusqu’au 14 avril.
En réponse aux accusations du CBP, l’avocate a expliqué que son client n’avait jamais reçu de convocation à l’audience qui a abouti à cette décision d’expulsion : « Il a bien une ordonnance d’expulsion prononcée en son absence, car il n’a jamais été informé de son audience, malgré le fait qu’il ait toujours renouvelé son DACA auprès de l’USCIS et fourni sa dernière adresse », a expliqué son avocate à Newsweek.
Elle a aussi ajouté que cette audience avait été convoquée dans le cadre d’un redémarrage unilatéral des procédures d’expulsion, pratique instaurée durant la première administration Trump : « C’était une audience reprogrammée pour relancer le dossier. Sous la première administration Trump, ils avaient commencé à rouvrir des dossiers clôturés sans préavis », a rapporté Newsweek.
Une fois de retour à Roeland Park, Kansas, Cortez Martinez a exprimé son soulagement face aux médias locaux : « Quand je suis passé à la douane et qu’ils m’ont dit que tout était bon, j’ai ressenti un soulagement, vous savez, comme si j’étais enfin libre », s’est-il réjoui. Il a poursuivi : « Je me sens plus en sécurité ici. Mon cœur est en paix. »
Son retour est intervenu avant que le gouvernement fédéral ne soit légalement tenu de répondre à la requête d’urgence déposée par ses avocats. Me Sharma-Crawford a précisé à Newsweek que le retour de son client s’était déroulé sans incident, grâce à des négociations avec les autorités : « Il est revenu par l’aéroport de Dallas-Fort Worth après des discussions avec le gouvernement et avant que celui-ci ne doive répondre formellement à la demande de mesure d’urgence. Le retour de mon client s’est déroulé sans incident », s’est-elle félicitée.
La famille de M. Martinez, soulagée mais toujours en lutte, a lancé une campagne de financement participatif pour couvrir les frais juridiques.
Dans une publication du 8 avril, ils ont partagé leur joie : « Nous avons le bonheur d’annoncer que notre père est de retour à la maison. Merci à toutes les personnes qui ont généreusement contribué à nous soutenir pendant cette période, ainsi qu’à notre merveilleuse avocate, Rekha Sharma-Crawford. Alors que nous continuons à traverser cette épreuve, nous avons besoin d’aide pour couvrir les frais juridiques. Votre soutien nous touche profondément. Que Dieu vous bénisse ! » (Newsweek, 10 avril 2025).
Cortez Martinez n’est pas le seul immigrant à expérimenter de telles horreurs sous l’administration Trump 2.
D’autres bénéficiaires du DACA sont également confrontés à des expulsions injustifiées. Kilmar Armando Abrego Garcia, résident du Maryland, a été déporté au Salvador en raison d’une « erreur administrative » et n’a toujours pas pu revenir aux États-Unis. La Cour suprême des États-Unis a pris une décision en sa faveur, demandant au gouvernement fédéral de faciliter son retour au pays de Donald Trump.
Des militants continuent de tirer la sonnette d’alarme. Karla Castaneda, directrice du Workers’ Rights Education Project, déclarait à Newsweek en mars : « Je pourrais perdre mon DACA en décembre à cause de mon engagement contre cette administration, mais franchement, à ce stade, je m’en fiche. Ce qu’il faut maintenant, c’est se battre » (Newsweek, 10 avril 2025).