Le président américain semble décidément avoir un problème personnel avec Haïti et le Venezuela.
Dans une nouvelle mesure controversée, l’administration du président Donald Trump s’apprête à mettre en œuvre un programme pilote exigeant le versement de cautions pouvant atteindre 15 000 dollars de la part de certains demandeurs de visa, selon un avis publié dans le Federal Register et relayé par The Daily Beast.
Ce programme, qui entrera en vigueur dans 15 jours, cible les ressortissants de pays présentant un taux élevé de dépassement de séjour ou des procédures de vérification jugées insuffisantes.
Parmi les pays les plus susceptibles d’être concernés figurent Haïti et le Venezuela, dont plus de 20 000 ressortissants ont dépassé la durée autorisée de leur visa temporaire en 2023. Le Brésil, la Russie et l’Inde sont également cités comme ayant enregistré des dizaines de milliers de cas similaires ces dernières années, selon ce qu’a fait savoir The Daily Beast.
Les cautions imposées aux demandeurs – sous forme de « bonds » – varieront entre 5 000 et 15 000 dollars, s’ajoutant aux 185 dollars déjà exigés pour toute demande de visa de type B-1 (affaires) ou B-2 (tourisme).
Ces visas temporaires autorisent une présence pouvant aller jusqu’à six mois sur le territoire américain. En parallèle, le gouvernement prévoit aussi d’introduire un nouveau « visa integrity fee » de 250 dollars pour tous les visas temporaires, ce qui alourdit considérablement la charge financière des demandeurs.
« Cette règle proposée aura un impact majeur sur mes clients », a déclaré à The Daily Beast Me Arnoldo Benitez, avocat spécialisé en immigration, qui exerce au Massachusetts et dans le Rhode Island. « Surtout en tenant compte des hausses récentes des frais de traitement de l’USCIS [Services de citoyenneté et d’immigration des États-Unis] ».
Le programme s’inscrit dans la lignée d’un décret présidentiel signé par Donald Trump dès son premier jour à la Maison-Blanche, en janvier 2025. Ce texte avait pour objectif d’instruire les départements d’État, du Trésor et de la Sécurité intérieure à mettre en place un système de caution pour renforcer la surveillance des séjours temporaires.
Un précédent programme similaire avait été annoncé en novembre 2020, durant la période de transition post-électorale, mais n’avait jamais été mis en œuvre en raison des restrictions de voyage liées à la pandémie de COVID-19, a rappelé The Daily Beast, soulignant que sous la direction du secrétaire d’État Marco Rubio, la politique de visas a connu un durcissement notable.
Le département a multiplié les critères d’éligibilité, notamment pour les demandeurs issus de pays non membres du programme d’exemption de visa, tel que le Visa Waiver Program, qui inclut principalement des alliés des États-Unis comme le Japon, l’Australie ou les pays d’Europe occidentale.
Selon les données du département de la Sécurité intérieure, près de 40 % des personnes en situation irrégulière aux États-Unis sont des titulaires de visas temporaires ayant dépassé la durée autorisée.
Par ailleurs, les audiences de visas deviennent de plus en plus périlleuses, y compris pour les demandeurs en règle. Le week-end dernier, deux étrangers — une étudiante sud-coréenne inscrite à l’Université Purdue et une ressortissante péruvienne prénommée Keatty — ont été arrêtés à la suite d’audiences de routine devant les services d’immigration à New York, a révélé The Daily Beast.
« Le risque d’arrestation a toujours existé pour ceux qui sont en situation irrégulière, mais il était minime sous les administrations précédentes », a rappelé Me Benitez, soulignant que l’approche actuelle augmente la pression sur des migrants déjà vulnérables.
Dans un communiqué au Daily Beast, un porte-parole du département de la Sécurité intérieure a affirmé que l’objectif de l’administration est de « restaurer l’intégrité du système de visas et d’empêcher qu’il ne soit détourné pour permettre une installation définitive illégale ».
Le département d’État n’a pas encore publié la liste officielle des pays concernés, mais l’impact potentiel de la mesure soulève déjà l’inquiétude parmi les communautés immigrantes et les défenseurs des droits civiques.
Depuis plusieurs années, la section des visas à l’ambassade des États-Unis en Haïti est quasiment fermée. Beaucoup de personnes qui espéraient faire une demande de visa doivent se rendre en République dominicaine. Des mesures restrictives pourraient être adoptées à l’encontre des Haïtiens souhaitant solliciter un visa américain en territoire voisin, a appris la rédaction de CTN.
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