Les autorités américaines ont annoncé l’inculpation de Bazile Richardson, un camionneur originaire de Caroline du Nord, soupçonné d’avoir apporté un soutien matériel et financier à Jimmy « Barbecue » Chérizier, figure centrale de la violence armée qui déstabilise Haïti depuis plusieurs années.
Bazile Richardson, citoyen américain d’origine haïtienne, fait face à de graves accusations : selon l’acte d’inculpation rendu public par un jury fédéral à Washington, il aurait fourni de l’argent, des armes et d’autres ressources au chef de la coalition criminelle Viv Ansanm, considérée comme l’une des structures les plus redoutables du pays. Deux autres personnes, dont l’identité n’a pas été révélée, sont également poursuivies dans le cadre de la même affaire.
D’après les informations rapportées par le Miami Herald, les procureurs fédéraux affirment que Richardson et ses présumés complices auraient envoyé, depuis décembre 2020, des dizaines de milliers de dollars vers Haïti. Ces fonds transitaient par des intermédiaires et étaient déposés sur des comptes bancaires locaux. Toujours selon l’accusation, l’argent servait à acheter des armes à feu, des véhicules, et à payer les salaires des membres de la coalition criminelle.
Richardson a été arrêté le mois dernier à Houston, au Texas. Les documents judiciaires mentionnent un message vocal envoyé par l’accusé à l’un de ses co-conspirateurs présumés, dans lequel il se vante d’avoir grandi aux côtés de Chérizier, qu’il décrit comme « un frère » et « un ami proche ». Dans cet enregistrement, il affirme : « Les gens ne peuvent pas m’effrayer parce que je vis aux États-Unis et je ne complote pas contre ce pays… Je défends mon pays, que l’ambassade américaine est en train de détruire. »
Jimmy Chérizier, ancien policier haïtien, est l’un des criminels les plus connus et les plus influents d’Haïti. À la tête de Viv Ansanm, il contrôle plusieurs quartiers stratégiques de Port-au-Prince et est accusé d’avoir orchestré des attaques meurtrières contre des civils.
En décembre 2020, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor américain l’a sanctionné pour son rôle dans des massacres et pour avoir dirigé des groupes armés lors d’opérations violentes dans la capitale haïtienne. Plus récemment, les autorités américaines l’ont inscrit sur la liste des terroristes internationaux et ont désigné sa coalition comme « organisation terroriste étrangère ».
Cette inculpation met en lumière l’existence de circuits de financement transnationaux qui alimentent la crise sécuritaire en Haïti. Pour les enquêteurs, le rôle de la diaspora dans le soutien matériel aux gangs est une problématique grandissante. Les autorités fédérales affirment que de telles contributions financières prolongent le cycle de violence, compliquent les efforts de stabilisation et mettent en danger la population civile.
Si Richardson est reconnu coupable, il risque de lourdes peines de prison fédérale. Pour Washington, ce procès s’inscrit dans une stratégie plus large visant à assécher les ressources des groupes armés haïtiens et à sanctionner ceux qui, aux États-Unis, leur apportent une aide directe ou indirecte.
Credit Photo: US Embassy Haiti
Avec des informations du Miami Herald et de l’AFP
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