Le Département d’État américain a annoncé une réorganisation majeure dans le traitement des visas d’immigrants, en particulier pour les ressortissants haïtiens.
Depuis le 28 août 2025, les demandes de résidence permanente déposées par des Haïtiens ne sont plus instruites à Port-au-Prince mais à Nassau, aux Bahamas, a indiqué la section des affaires consulaires dans une note officielle publiée sur son site internet.
Cette décision s’inscrit dans un contexte marqué par la dégradation continue de la situation sécuritaire en Haïti et le fonctionnement limité de l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince. Depuis plusieurs mois, la représentation diplomatique opère en « statut de départ obligatoire », ce qui signifie qu’une grande partie du personnel diplomatique américain a dû quitter le pays. Seul un effectif restreint, chargé des urgences, assure encore certaines activités.
Cette réduction drastique des effectifs entraîne des conséquences directes sur la capacité de l’ambassade à fournir des services consulaires de routine, notamment pour le traitement des visas. Face à cette situation, Washington a choisi de réorganiser le dispositif en transférant une partie des dossiers haïtiens vers un poste consulaire jugé plus sûr et plus fonctionnel.
Dans le cas d’Haïti, c’est l’ambassade américaine de Nassau, capitale des Bahamas, qui a été désignée pour traiter les demandes de visa d’immigrant. Les ressortissants haïtiens candidats à la résidence permanente devront donc se déplacer physiquement dans ce pays voisin pour y finaliser leur procédure.
Le Département d’État précise néanmoins que certaines exceptions pourront être accordées. Des dérogations seront envisagées pour des cas urgents, qu’il s’agisse de raisons humanitaires, médicales ou liées à la politique étrangère des États-Unis.
Concernant les demandeurs qui avaient déjà reçu une convocation pour un entretien consulaire, les autorités américaines assurent que ces rendez-vous « ne seront généralement pas reportés ni annulés ». Toutefois, la logistique de ce transfert risque d’imposer de nouveaux délais, notamment pour l’organisation des déplacements vers Nassau et la coordination administrative entre les différents services.
Au-delà des visas d’immigrants, l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince ne délivre plus non plus de visas de non-immigrant (tourisme, études, affaires, etc.). Ces services sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Aucun poste spécifique n’a été désigné pour les Haïtiens dans ce cadre. Les demandeurs doivent donc déposer leur dossier dans n’importe quelle autre ambassade ou consulat américain à l’étranger, à condition de pouvoir s’y présenter en personne.
Le Département d’État indique par ailleurs que certains services essentiels, comme la collecte d’ADN utilisée pour vérifier les liens familiaux dans le cadre de demandes d’immigration, sont également interrompus pour le moment. Le traitement des dossiers d’adoption, en revanche, se poursuit « dans la mesure du possible », malgré les contraintes.
Cette réorganisation représente un tournant pour les Haïtiens qui souhaitent s’installer légalement aux États-Unis. En plus des démarches administratives habituelles, ils devront désormais prévoir les coûts et contraintes liés à un déplacement international vers les Bahamas. Pour de nombreuses familles, déjà confrontées à une forte instabilité économique et sécuritaire, cette nouvelle exigence constitue un obstacle supplémentaire.
L’annonce a suscité de vives réactions au sein de la communauté haïtienne, notamment parmi ceux qui attendaient depuis des mois, voire des années, la poursuite de leur dossier de résidence. Certains craignent que ce transfert entraîne des retards supplémentaires, malgré les assurances du Département d’État.
Si les autorités américaines présentent cette décision comme une adaptation à la situation exceptionnelle en Haïti, aucune échéance n’a été annoncée pour un éventuel retour du traitement des visas à Port-au-Prince. L’évolution de la crise sécuritaire et la capacité de l’ambassade à retrouver un fonctionnement normal détermineront la durée de ce dispositif.
En attendant, les États-Unis réaffirment leur volonté de maintenir une continuité de service « dans la mesure du possible », tout en garantissant la sécurité de leur personnel et de leurs installations diplomatiques.
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