L’adhésion des Latinos qui avaient soutenu Donald Trump montre des signes croissants d’érosion. D’après les recherches d’Axios, le mécontentement s’intensifie au sein de cette communauté, particulièrement affectée par l’augmentation du coût de la vie, les restrictions commerciales et la politique d’immigration. Le président Donald Trump, qui avait conquis une proportion sans précédent de l’électorat latino lors de l’élection présidentielle de 2024, constate maintenant l’effritement de cette base électorale.
« Le président Trump a réalisé des avancées historiques pour le Parti républicain auprès des électeurs latinos l’an dernier, mais sondages et autres indicateurs suggèrent que leur soutien s’effrite », a expliqué le journaliste Russell Contreras d’Axios.
À San Diego, George Doilez, citoyen américain d’origine mexicaine, exprime sa déception après une confrontation avec la patrouille frontalière qui l’a arrêté avec sa femme :
« Je ressens de la honte, de la culpabilité et de la colère en même temps, à cause des promesses qu’il nous avait faites et qu’il a trahies », a-t-il confié à NBC 7. Doilez, qui avait voté pour Trump en 2020 et 2024, affirme avoir cru à son engagement de cibler uniquement « les pires criminels ».
Les Latinos, majoritairement présents dans l’agriculture, le commerce et l’artisanat, subissent lourdement l’impact des politiques économiques de la Maison-Blanche. Au sud du Texas, les fermiers constatent une diminution de leurs revenus due aux tarifs douaniers imposés par Trump. Les entrepreneurs indépendants, qu’ils soient artisans, commerçants ou producteurs régionaux, font face à une augmentation notable de leurs dépenses.
« Les Latinos qui avaient voté pour Trump étaient préoccupés par l’accessibilité économique », a rappelé Mike Madrid, consultant républicain basé en Californie et cité par Axios. « Ils ont du travail, mais les prix sont trop élevés, et beaucoup ont estimé que ce n’était pas la solution. » En parallèle, les prix grimpent dans les supermarchés, et les zones frontalières, essentielles à l’économie du sud-ouest américain, traversent une période d’instabilité financière majeure.
Entre répression migratoire et méfiance croissante
L’autre source de tension se manifeste dans la politique migratoire.
Selon Axios, les opérations policières menées par des agents fédéraux cagoulés ont abouti à l’arrestation de citoyens américains d’origine mexicaine, ravivant les accusations de discrimination raciale et provoquant plusieurs mouvements de protestation.
Trump s’est félicité que « la frontière elle-même est devenue calme », un discours qui contraste fortement avec le sentiment d’injustice éprouvé par une partie de la communauté.
Lors des élections de novembre 2024, Trump avait pourtant obtenu 48 % des voix latinos, un score sans précédent pour un candidat républicain.
Une étude du Pew Research Center a démontré que ce soutien avait été décisif dans sa victoire contre Kamala Harris. Cependant, la situation s’est inversée depuis l’annonce de ses mesures tarifaires en avril, que ses partisans ont baptisé le « Liberation Day ».
Pour Russell Contreras, ce moment marque « le moment où la confiance des Latinos envers Trump a commencé à s’éroder ». Les démocrates, percevant l’opportunité, ont rapidement réagi. Deux comités ont initié une campagne médiatique d’envergure, investissant plusieurs centaines de milliers de dollars pour cibler la représentante républicaine Monica De La Cruz au Texas.
Les spots incluent « Dreamers & Doers » et « Some Bulls—— », visant à canaliser la frustration grandissante des électeurs face à la situation économique locale, selon Axios.
Bien que la Maison-Blanche tente d’apaiser les inquiétudes en annonçant une reprise économique proche — promettant des hausses salariales et une baisse des prix du carburant et de la consommation — la réalité quotidienne de nombreux Latinos contredit ces promesses optimistes.
Pour Trump, l’enjeu est crucial : maintenir un soutien latino qui s’était révélé décisif en 2024.
Pour les démocrates, il s’agit de reconquérir un électorat traditionnellement acquis mais désormais plus divisé.
