États-Unis : l’administration Trump révoque près de 80 000 visas non-immigrants dans le cadre d’un vaste durcissement migratoire

CTN News

En moins d’un an, l’administration Trump a annulé près de 80 000 visas non-immigrants, selon des informations rapportées par Reuters et confirmées par un haut responsable du Département d’État. Ce chiffre, inédit depuis plus de vingt ans, illustre la volonté du gouvernement américain d’imposer un contrôle plus strict sur les admissions et le séjour des étrangers aux États-Unis.

Ces révocations concernent principalement des titulaires de visas temporaires — étudiants, touristes, travailleurs ou visiteurs d’affaires — accusés d’infractions allant de la conduite en état d’ivresse à des faits d’agression ou de vol.
Le haut fonctionnaire du Département d’État, cité anonymement, a précisé que ces trois catégories d’infractions représentent environ la moitié des cas enregistrés cette année.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président Donald Trump a multiplié les mesures visant à resserrer le système d’immigration légale et temporaire.
Alors que son premier mandat avait été marqué par une lutte acharnée contre l’immigration clandestine, sa nouvelle administration cible désormais les titulaires de visas réguliers.

« Les États-Unis ne peuvent pas se permettre d’accorder des privilèges à ceux qui abusent de leur statut ou qui représentent une menace pour la sécurité nationale », a déclaré un haut responsable du Département d’État, cité par Reuters.

Selon les chiffres communiqués à l’agence, 16 000 révocations concernent des affaires de conduite en état d’ivresse, 12 000 des cas d’agression et 8 000 des faits de vol.
En août, plus de 6 000 visas étudiants ont également été annulés pour dépassement de séjour, violation de la loi ou comportement jugé incompatible avec la réglementation américaine.

Au-delà des motifs pénaux ou administratifs, les nouvelles directives du Département d’État introduisent une dimension inédite : les diplomates américains sont désormais invités à examiner les positions publiques et l’activisme politique des candidats aux visas.
Des instructions internes, citées par Reuters, encouragent les missions diplomatiques à refuser les demandes émanant de personnes jugées « hostiles aux États-Unis » ou ayant exprimé des opinions contraires à la politique étrangère américaine.

D’après le Washington Examiner, plusieurs étudiants étrangers et détenteurs de cartes vertes ont vu leur statut remis en question pour avoir soutenu la cause palestinienne ou critiqué la politique israélienne dans le contexte du conflit à Gaza.
Certains ont même été accusés d’être « pro-Hamas », une classification controversée qui inquiète les défenseurs des libertés publiques.

Des cas liés à l’activité sur les réseaux sociaux

La vigilance s’étend aussi au domaine numérique.
Le Département d’État a récemment révoqué les visas d’au moins six personnes en raison de messages publiés sur les réseaux sociaux concernant l’assassinat de l’activiste conservateur Charlie Kirk.
Ces décisions s’inscrivent dans une politique de surveillance numérique renforcée : depuis 2024, les formulaires de demande de visa exigent la communication des identifiants de réseaux sociaux, des numéros de téléphone et des adresses électroniques utilisées au cours des cinq dernières années.

Le secrétaire d’État Marco Rubio assume pleinement cette orientation. En mai, il avait annoncé avoir personnellement approuvé la révocation de centaines, voire de milliers de visas pour des motifs liés, selon lui, à des activités contraires aux priorités de la politique étrangère américaine. « Nous devons nous assurer que toute personne bénéficiant d’un visa américain respecte nos valeurs, notre sécurité et nos intérêts internationaux », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à Washington, citée par Reuters.

Rubio a insisté sur le fait que ces mesures ne visaient pas à punir les opinions politiques, mais à prévenir les risques d’ingérence, de radicalisation ou de désinformation.

Des critiques croissantes des ONG et défenseurs des droits

Plusieurs organisations, dont l’American Civil Liberties Union (ACLU), dénoncent une politique de « profilage idéologique » menaçant la liberté d’expression et ouvrant la voie à une  » censure politique déguisée ».

« Ces révocations massives de visas envoient un message inquiétant : il ne s’agit plus seulement de contrôler les frontières, mais de contrôler les idées », a déclaré un représentant de l’ACLU dans un communiqué relayé par plusieurs médias.

Des experts en droit migratoire avertissent que cette stratégie pourrait susciter de nombreux recours judiciaires, notamment de la part de travailleurs étrangers qualifiés et d’étudiants internationaux, deux catégories essentielles à l’économie américaine.

À Washington, les analystes y voient un signal politique clair envoyé à la base conservatrice de Donald Trump, à moins d’un an des élections de mi-mandat.
En s’attaquant non seulement à l’immigration illégale, mais aussi à certains comportements jugés « déviants » chez les détenteurs de visas légaux, le président renforce son image d’un dirigeant déterminé à imposer la discipline migratoire dans toutes ses dimensions.

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