Aux États-Unis, des avocats et organisations de défense des droits humains s’élèvent contre l’expulsion récente de mères immigrantes accompagnées de leurs enfants ayant la citoyenneté américaine. L’un des cas les plus marquants est celui de Heidy Sánchez, une mère cubaine, appréhendée lors d’une visite routinière aux bureaux de l’immigration (ICE) à Tampa, puis déportée vers Cuba en l’espace de 48 heures — séparée brutalement de sa fille d’un an et de son mari, tous deux citoyens américains.
« Elle allaite toujours sa fille, qui souffre de crises. Et pourtant, on l’a renvoyée sans même lui permettre de contester », a affirmé son avocate, Claudia Cañizares. Cette dernière affirme avoir essayé de soumettre une requête pour réexaminer le dossier, mais l’ICE aurait rejeté sa demande, prétextant que sa cliente n’était plus sur le territoire — une version contestée par Me Cañizares.
L’affaire Sánchez n’est pas unique. D’après les enquêtes menées par NBC6 et Associated Press, plusieurs mères ont été récemment arrêtées pendant des rendez-vous administratifs avec l’immigration, privées d’assistance juridique et de contact familial, avant d’être rapidement expulsées vers leurs pays d’origine.
Une situation similaire concerne une ressortissante hondurienne enceinte, arrêtée en Louisiane avec ses deux filles : l’une de deux ans — citoyenne américaine — et l’autre de 11 ans. Selon les avocats, la plus jeune aurait dû rester avec son père américain. Le juge fédéral Terry Doughty a manifesté « de fortes inquiétudes » concernant une procédure accélérée qui semble avoir négligé les droits fondamentaux des citoyens mineurs.
« Nous soupçonnons fortement que le gouvernement a déporté un enfant citoyen américain sans aucun processus significatif », a écrit le juge dans un ordre de la cour, annonçant une audience prévue pour le 16 mai, selon NBC 6.
Pour les défenseurs des droits humains, ces situations démontrent un « abus de pouvoir croissant » de la part de l’administration Trump, revenue aux commandes en janvier dernier.
L’ACLU, le National Immigration Project et plusieurs organisations alliées dénoncent ces expulsions de mères et d’enfants citoyens, menées dans l’ombre, sans transparence ni respect des procédures judiciaires fondamentales.
« Ces mères n’ont même pas eu la chance de décider si leurs enfants devaient rester. On les a arrêtées, séparées et expulsées. C’est brutal, c’est inhumain », a réagi Gracie Willis, avocate spécialisée dans les droits des immigrants dont les propos ont été rapportés par NBC6 Florida.
À Tampa, une manifestation massive s’est formée devant le palais de justice pour réclamer le retour d’Heidy Sánchez. Son époux, bouleversé, tenait leur petite fille contre lui. Les manifestants brandissaient des pancartes réclamant la fin des séparations familiales : « Bring her home » et « Families belong together ».
Depuis Cuba, Sánchez a partagé un message poignant : « Ce combat n’est pas que pour moi. C’est pour toutes les mères, toutes les familles déchirées. Merci à tous ceux qui élèvent la voix. »
Bien que l’administration Trump mette en avant la nécessité de sécuriser les frontières, ces expulsions soulèvent des interrogations cruciales sur l’équilibre entre application stricte des lois et protection des droits humains fondamentaux — particulièrement concernant les enfants nés aux États-Unis.
Selon Me Cañizares, ces décisions dépassent le cadre administratif. « Ils suivent des ordres. Ils doivent remplir un quota de personnes à expulser chaque jour, et peu importe les histoires humaines derrière », a-t-elle déclaré.
Heidy Sánchez, malgré une absence à une audience en 2019, avait depuis scrupuleusement honoré ses rendez-vous avec l’ICE. Mais pour les autorités, cela semble désormais insuffisant.