Élections municipales à Brockton : Jean Bradley Derenoncourt et quatre autres Haïtiens d’origine créent la surprise

Emmanuel Paul
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Brockton (Massachusetts) — Des Haïtiens d’origine pourraient accéder au contrôle de la municipalité.

Jean Bradley Derenoncourt, un Haïtien d’origine s’est qualifié pour l’élection municipale à la mairie.

Quatre autres candidats d’origine haïtienne se sont également qualifiés pour les élections générales afin de briguer l’un des quatre sièges de conseillers municipaux généraux.

Le politologue haïtiano-américain Jean Bradley Derenoncourt a réalisé un exploit extraordinaire en arrivant en deuxième position derrière le Cap-Verdien d’origine Moises Rodrigues.

L’élection municipale de 2025 marquera donc une étape historique à Brockton. La ville aura, pour la première fois, un maire afro-américain.

Au terme du scrutin préliminaire du 16 septembre, deux conseillers municipaux généraux se sont imposés nettement : Moises Rodrigues est arrivé en tête avec 3 090 voix (résultats non officiels), suivi de Jean Bradley Derenoncourt avec 2 522 voix. Les deux hommes s’affronteront lors de l’élection générale du 4 novembre.

Jean Bradley Derenoncourt, arrivé d’Haïti à Brockton après le séisme de 2010, a remercié ses électeurs et insisté sur la vocation rassembleuse qu’il entend donner à sa campagne. « C’est à propos de nous, de l’avenir de notre communauté, de l’avenir de nos enfants et de ce que nous pouvons faire ensemble, et de ce que nous pouvons faire pour rendre Brockton plus forte, plus sûre, meilleure pour nous tous », a-t-il affirmé devant Tamboo, le soir du scrutin, ajoutant : « Depuis le premier jour dans cette communauté, j’ai montré ma volonté de vous servir », rapporte The Enterprise News.

Son opposant est aussi issu de la communauté immigrante.

Né d’une famille cap-verdienne, Moises Rodrigues a réuni ses partisans au restaurant Tutto Bene, sur le West Side, où il a lancé la suite de la campagne. « Nous avons du travail à faire », a-t-il déclaré, avant de préciser : « Mais le travail, c’est de faire sortir les gens pour voter. » L’élu a dit percevoir une attente forte dans la ville : « Les gens veulent voir une ville réactive. Une ville qui prend des décisions sur les problèmes que nous affrontons ici, dans cette communauté. », selon ce qu’a rapporté The Enterprise News.

Les deux finalistes ont promis qu’ils seraient des maires pour tous les habitants, quelles que soient les origines. Rodrigues, très applaudi, a lancé à son auditoire : « Vous êtes tous désormais mes cousins. Tous. Peu importe si vous venez du Cap-Vert, d’Haïti, des États-Unis, de Porto Rico, d’où que vous soyez, nous sommes tous cousins. »

Un paysage électoral resserré : les chiffres clés

Le scrutin préliminaire a réduit l’offre de huit candidats à deux pour la mairie.

Selon les totaux non certifiés publiés par le service des élections de la ville, Rodrigues et Derenoncourt ont creusé l’écart sur les autres prétendants : Luz Villar (536), Richard Reid (366), Eugenie Kavanagh (176), Lawrence Fargo (108), Richard Wayne Ripley (80) et l’Haïtienne d’origine Carina Mompelas, arrivée en dernière position avec seulement 57 voix.

La participation, encore modeste, progresse toutefois par rapport à 2023, a fait remarquer The Enterprise News, notant qu’à 18 h 30, la commission électorale faisait état d’un taux de 8,8 % pour 68 639 électeurs inscrits — soit environ 8 100 de plus que lors du dernier cycle municipal. Un agent a avancé que l’inscription automatique au RMV pourrait contribuer à cette hausse.

Quatre autres Haïtiens d’origine sont également qualifiés pour les élections générales pour les postes de conseillers municipaux généraux.

Le scrutin a déterminé les têtes d’affiche pour les quatre sièges généraux du City Council : les huit candidats retenus pour novembre sont, par nombre de voix : David C. Teixeira (i) : 3 081 ; Carla M. Darosa : 2 582 ; Winthrop H. Farwell Jr. (i) : 2 239 ; Judith Nelson : 1 757 ; Jeffrey Charnel : 1 627 ; Michael JF Nunes : 1 273 ; Joseph Francois : 1 008 ; Matthieu C. Delisme : 847.

Arrivé en 9e position avec 787 voix, le compatriote Alix Arthur Gayaud n’a pas pu gagner son billet pour les élections de novembre. Jed Hresko (632) et Steven Clay (535) sont également éliminés.

Pour le nouveau terme, le conseil général de la ville de Brockton est déjà assuré d’avoir deux nouveaux membres pour remplacer Jean Bradley Derenoncourt et Moises Rodrigues se présentant à la mairie.

Conseils municipaux et comité scolaire : les qualifiés

Aux niveaux des Wards, trois circonscriptions avaient un tour préliminaire compétitif :

Ward 1 : Ulisses Varela (425) et Marlon D. Green (337) qualifiés ; Steve Lainas (280) et William T. Keene (139) éliminés.

Ward 5 : Jeff Thompson (i) : 481 et Ellie V. Teixeira : 378 au second tour ; Keith Hayes (88) éliminé.

Ward 6 : Jack Lally (i) : 537 et Lisa E. Crowley : 197 qualifiés ; Jamal Brathwaite (173) éliminé.

Côté School Committee, les électeurs ont réduit le champ en Wards 1 et 3. En Ward 3, Matthew Stanton (507) devance l’élue sortante Ana Oliver (430) ; Omega Corbett (101) est éliminée. En Ward 1, Stephen Pina (455) affrontera l’élu sortant Jorge Vega (365) ; Stephen Coleman O’Malley (295) est éliminé. Atteint par téléphone, Jorge Vega a salué « une bonne campagne » et dit se réjouir de « continuer au-delà des primaires ». Selon lui, les électeurs de Ward 1 ont devant eux « deux options très distinctes » : « Nous avons des positions très différentes sur ce que signifie diriger une ‘gateway city’, et c’est l’un des sujets que nous pourrons vraiment explorer dans les six semaines à venir. » Matthew Stanton a remercié ses soutiens et promis : « Demain, le travail reprend, et nous nous concentrerons sur novembre. »

Institutions : rôles et calendrier

À Brockton, le maire, les conseillers municipaux et les membres du comité scolaire sont élus pour deux ans, le prochain mandat débutant en janvier 2026.

Le maire sortant Robert F. Sullivan ne sollicitant pas un quatrième mandat, un nouveau titulaire s’installera au « corner office ». Le City Council compte 11 membres (quatre élus généraux et un pour chacun des sept Wards).

Le comité scolaire (School Committee) réunit sept représentants (un par Ward) ; le maire en est le huitième membre votant.

L’affiche Rodrigues – Derenoncourt donne à Brockton un scrutin de portée symbolique nationale : quelle que soit l’issue, la ville élira son premier maire de couleur.

Au-delà du symbole, les décisions à venir en matière de sécurité, de transparence budgétaire, de gouvernance scolaire et de cohésion des quartiers seront scrutées par des électeurs en quête de résultats concrets.

À six semaines du verdict, les deux finalistes répètent le même engagement : fédérer. Derenoncourt promet d’être un « maire pour tous », qu’on soit « haïtien, cap-verdien, italien ou irlandais ». Rodrigues, lui, dit déjà voir « de meilleurs jours à venir » et exhorte : « Le travail, c’est de faire sortir les gens pour voter. »

Avec 26 % de la population, les Cap-Verdiens représentent la plus grande communauté d’immigrants à Brockton, devant les Haïtiens, qui représentent environ 23 %.

Toutefois, les premiers résultats montrent que le Cap-Verdien d’origine Moises Rodrigues bénéficie d’une bonne côte de popularité au sein de la communauté haïtienne.

Si la communauté haïtienne de Brockton se mobilise derrière les candidats d’origine haïtienne, il y a une forte possibilité que le gouvernement municipal soit contrôlé par des Haïtiens d’origine. Brockton est l’une des plus grandes villes de l’État du Massachusetts.

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Crédits et source : Enterprise News 

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