Le président Donald Trump a dévoilé mercredi l’un des projets phares de son second mandat : la « gold card », un dispositif migratoire inédit permettant d’obtenir un statut légal permanent aux États-Unis — et, à terme, la citoyenneté — en échange d’un investissement minimum d’un million de dollars par personne. Les entreprises souhaitant parrainer des employés étrangers devront, elles, verser le double.
Cette annonce, relayée par The Associated Press, marque le lancement formel d’un programme que Trump présente comme « une révolution dans l’immigration basée sur le mérite ».
Un site Web dédié a été mis en ligne dans la foulée, permettant aux particuliers et aux entreprises de soumettre immédiatement leurs demandes. Le président, entouré de dirigeants du secteur privé dans la salle Roosevelt de la Maison-Blanche, a présenté ce mécanisme comme une étape majeure visant à remplacer et dépasser le programme EB-5, en vigueur depuis 1990 et destiné à attirer des investissements étrangers créateurs d’emplois.
Un dispositif conçu pour rapporter « des milliards »
Depuis plusieurs mois, Donald Trump multiplie les annonces autour de la gold card, évoquant d’abord un coût de 5 millions de dollars avant de revenir à un prix plus « accessible » de 1 à 2 millions. Selon lui, chaque dollar collecté sera directement versé au Trésor américain.
Il affirme que les recettes devraient alimenter un fonds fédéral consacré à des investissements « positifs pour le pays ».
« En réalité, c’est une carte verte, mais en beaucoup mieux », a déclaré le président. « Beaucoup plus puissante, un chemin beaucoup plus solide », a-t-il insisté, soulignant que cette formule permettra aux États-Unis d’attirer et de retenir « des talents d’exception ».
Contrairement au programme EB-5, le dispositif présenté mercredi ne prévoit pour l’instant ni quotas, ni obligations explicites de création d’emplois pour les entreprises qui parraineront des candidats. Trump justifie cette approche en expliquant que de nombreux chefs d’entreprise se plaignent de perdre des diplômés de haut niveau formés aux États-Unis, mais forcés de repartir faute de statut légal durable. « Vous ne pouvez pas embaucher les gens issus des meilleures universités parce que vous ne savez pas si vous pourrez les garder », a-t-il affirmé.
Une rupture avec la ligne dure de son administration
La mise en vente de la gold card apparaît comme un contraste notable avec les politiques migratoires strictes imposées par la Maison-Blanche depuis le début du second mandat présidentiel. Les dix derniers mois ont été marqués par des rafles massives et une intensification des expulsions, ciblant notamment des grandes villes comme Los Angeles ou Charlotte.
Cette orientation répressive a profondément remodelé la politique migratoire du pays.
Cependant, Trump a souvent laissé entendre qu’il souhaitait ouvrir la porte à des travailleurs hautement qualifiés, une position qui lui vaut des critiques au sein même de son mouvement. Certains partisans du courant « Make America Great Again » voient d’un mauvais œil toute mesure facilitant l’arrivée de nouveaux immigrés, même qualifiés.
Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a détaillé les conditions d’examen des candidatures. Chaque demande devra être assortie de frais de vérification de 15 000 dollars. Selon lui, les contrôles de sécurité seront rigoureux pour « nous assurer que ces personnes répondent pleinement aux critères pour vivre en Amérique ».
Il a également précisé que si les entreprises peuvent recevoir plusieurs cartes, chacune ne pourra concerner qu’un seul employé.
Lutnick a ensuite justifié la philosophie du programme par un constat économique : aujourd’hui, d’après lui, les détenteurs de cartes vertes gagnent en moyenne moins que les travailleurs américains. Une situation que Donald Trump souhaite modifier. « Les mêmes visas, mais désormais remplis des meilleurs profils », a-t-il résumé.
Un modèle inspiré des “golden visas” internationaux
Ce type de visa d’investissement n’est pas une nouveauté sur la scène mondiale. Des pays comme le Royaume-Uni, l’Espagne, la Grèce, Malte, le Canada, l’Italie ou l’Australie disposent déjà de mécanismes similaires, souvent prisés par des investisseurs cherchant à diversifier leurs options de résidence.
Trump a présenté son programme comme une manière de sélectionner des profils susceptibles de contribuer immédiatement à l’économie américaine.
« Nous faisons entrer dans le pays quelqu’un de grand, parce que nous pensons que ce seront des personnes extraordinaires », a-t-il dit, citant en particulier les diplômés de haut rang issus de Chine, d’Inde ou de France. « Les entreprises seront très satisfaites », a-t-il conclu.
Cet article est basé sur des informations et citations rapportées par The Associated Press.



