Des immigrants détenus dans un centre fédéral d’immigration à Miami auraient été forcés de manger à genoux, les mains entravées dans le dos, dans des conditions assimilables à un traitement dégradant, selon un rapport publié lundi par plusieurs organisations de défense des droits humains.
Le témoignage fait état d’un incident survenu dans un centre de détention fédéral du centre-ville de Miami, où des dizaines d’hommes ont été enfermés pendant des heures sans repas avant de recevoir de la nourriture vers 19 heures. Toujours menottés, ils ont été contraints de s’agenouiller devant des assiettes en polystyrène posées sur des chaises, a rapporté The Guardian.
“On a dû manger comme des animaux”, a confié un détenu prénommé Pedro, cité dans le rapport.
L’enquête, menée par Human Rights Watch, Americans for Immigrant Justice et Sanctuary of the South, documente une série d’abus présumés dans trois centres de détention pour migrants situés dans le sud de la Floride, tous gérés par l’agence fédérale Immigration and Customs Enforcement (ICE).
Au Krome North Service Processing Center, dans l’ouest de Miami, des femmes auraient été contraintes d’utiliser des toilettes à la vue d’hommes détenus, sans accès à des soins adaptés à leur genre, ni à des douches ou à une nourriture suffisante. Le centre, largement surpeuplé, retenait des transferts pendant plus de 24 heures dans des bus stationnés sur le parking, rapporte The Guardian.
“Le bus est devenu dégoûtant. C’était le genre de toilettes où normalement on ne fait qu’uriner, mais comme on n’avait pas le droit d’en sortir, certains ont déféqué dedans”, a déclaré un homme.
“Toute l’odeur de matières fécales s’est propagée.”
Une fois admis à l’intérieur, plusieurs immigrants affirment avoir passé jusqu’à douze jours dans une salle glaciale surnommée la hielera (la glacière), sans couverture ni vêtements chauds, dormant à même le sol.
“À mon départ, presque toutes les salles de visite étaient utilisées. Certaines étaient si pleines que les hommes ne pouvaient même pas s’asseoir”, a raconté Andrea, une détenue.
Au Broward Transitional Center, à Pompano Beach, où Marie Ange Blaise, une femme haïtienne de 44 ans, est décédée en avril, les témoignages font état de négligences médicales fréquentes. Des détenus affirment avoir vu leurs soins retardés, même en cas de maladies chroniques ou de blessures, et évoquent un personnel médical indifférent ou agressif.
Dans un incident signalé en avril à Miami, des agents auraient éteint une caméra de surveillance avant de faire intervenir une “équipe de contrôle des troubles” contre des détenus protestant contre l’inaction face à l’état critique d’un immigrant qui crachait du sang. L’un d’eux aurait eu un doigt fracturé.
Selon les chiffres compilés dans le rapport, le nombre d’immigrants détenus quotidiennement aux États-Unis s’élevait à 56 400 à la mi-juin, dont près de 72 % n’avaient aucun antécédent criminel. En 2024, la moyenne quotidienne était de 37 500.
Les trois centres mentionnés sont tous en état de surpopulation extrême, une situation qui a poussé les autorités à accélérer la construction de la prison controversée surnommée “Alcatraz des Everglades”, qui devrait pouvoir accueillir jusqu’à 5 000 migrants en attente de déportation.
“L’escalade anti-immigrés et les méthodes d’application de la loi sous l’administration Trump terrorisent les communautés et brisent des familles”, a dénoncé Katie Blankenship, avocate en immigration et cofondatrice de Sanctuary of the South.
“Cette approche rapide, chaotique et cruelle est littéralement meurtrière et provoque une crise des droits humains qui hantera la Floride et le pays tout entier pendant des années.”, a dénoncé l’un des responsables des organisations de défense des droits des immigrants dans une interview à The Guardian, qui affirme avoir contacté ICE pour obtenir un commentaire, mais n’a pas encore reçu de réponse.
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Source: The Guardian