Des demandeurs d’asile arrêtés après leurs audiences : une nouvelle stratégie de l’ICE

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...
Credit: Reuters

À New York, des agents de l’ICE ont procédé à une série d’arrestations de migrants juste après leurs audiences obligatoires devant la cour d’immigration.
Cette pratique, observée récemment dans un immeuble fédéral de Manhattan, s’inscrit dans une politique migratoire renforcée depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche il y a seulement six mois.

D’après l’Associated Press (AP), ces opérations ont été menées par des agents de l’ICE qui ont ciblé des demandeurs d’asile à leur sortie de l’enceinte judiciaire.

Munis de documents comportant les photos des personnes visées, les agents de l’ICE ont arrêté près d’une douzaine de migrants en seulement quelques heures au 12e étage du Jacob K. Javits Federal Building, situé dans le centre de Manhattan, selon ce qu’a rapporté l’Associated Press, qui explique que cette stratégie ne se limite pas à New York.

Des arrestations similaires auraient lieu devant d’autres tribunaux de l’immigration à travers les États-Unis. L’objectif affiché par l’administration Trump est ambitieux : atteindre un million de reconduites à la frontière par an.

Les migrants ciblés n’ont guère d’alternative. Ne pas se présenter à une audience d’immigration est, dans certains cas, considéré comme une infraction pouvant justifier une expulsion immédiate. Cela contraint de nombreux demandeurs d’asile à comparaître, en sachant qu’ils pourraient être interpellés à la sortie.

Parmi les personnes arrêtées figure un homme nommé Carlos, originaire du Paraguay.

Selon les déclarations du conseiller municipal de New York Brad Lander, recueillies par AP, Carlos avait pourtant une audience prévue dans le futur et une demande d’asile en cours, déposée dans le cadre de la Convention contre la torture. Le juge aurait donné des instructions précises sur les éléments à réunir pour soutenir sa requête.

À l’issue de son audience, Carlos a été interpellé par des agents ne portant ni badge ni mandat visible, a relaté Brad Lander.

L’arrestation se serait produite dans une cage d’escalier à l’arrière du bâtiment. Le conseiller municipal affirme également que la sœur du demandeur d’asile, venue l’accompagner, a été bousculée au sol.

Brad Lander, un membre du conseil municipal de New York, qui avait tenté d’accompagner un migrant lors d’une autre interpellation le mois dernier, a brièvement été détenu par des agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE). Pour lui, les audiences deviennent un piège : « Cela ressemble à une procédure judiciaire, mais en réalité c’est un guet-apens pour les faire venir », a-t-il déclaré à la presse devant le bâtiment.

La Maison-Blanche, de son côté, a défendu l’action des agents fédéraux. « Les braves hommes et femmes de l’ICE sont pris pour cible par des démocrates dérangés, mais ils restent déterminés dans leur mission », a déclaré un porte-parole cité par AP. L’exécutif ajoute que ces agents « risquent leur vie chaque jour pour éloigner les pires criminels de nos rues et de nos quartiers. »

Cette nouvelle tactique d’interpellation à la sortie des tribunaux, bien que jugée légale par l’administration, continue de susciter des préoccupations chez certains élus locaux et défenseurs des droits des migrants.

La ville de New York n’est pas le seul endroit où des arrestations ont été effectuées dans les enceintes ou les parages des tribunaux d’immigration. Plusieurs cas ont été rapportés à Chicago, Denver (Colorado), et Boston (Massachusetts), entre autres.

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