Déporté par erreur, Kilmar Abrego Garcia est de retour aux États-Unis

Emmanuel Paul
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Journalist/ Storyteller
Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Plus de deux mois après avoir été expulsé par erreur vers son pays d’origine, Kilmar Abrego Garcia, ressortissant salvadorien, est en route pour les États-Unis, où il doit faire face à des accusations fédérales pour sa participation présumée à un vaste réseau de transport de migrants sans papiers.

Selon ABC News, une mise en accusation fédérale déposée sous scellés le mois dernier dans le Tennessee et rendue publique ce vendredi accuse l’homme de 29 ans d’avoir orchestré, pendant près d’une décennie, le déplacement de milliers de migrants venus du Mexique et d’Amérique centrale vers l’intérieur du territoire américain. Le complot présumé aurait impliqué plus de 100 voyages, certains transportant même des membres du gang salvadorien MS-13, selon des sources proches du dossier.

Abrego Garcia est pour l’instant le seul inculpé dans cette affaire.

Son avocat, Simon Sandoval-Moshenberg, a dénoncé la manière dont les autorités ont géré le dossier. « Depuis le début, cette affaire montre une chose de manière douloureusement évidente : le gouvernement avait le pouvoir de le faire revenir à tout moment. Au lieu de cela, il a préféré jouer avec la justice et avec la vie d’un homme », a-t-il déclaré à ABC News. « Nous ne nous battons pas seulement pour Kilmar, mais pour que les droits fondamentaux au procès équitable soient respectés pour tous. Car demain, cela pourrait être n’importe lequel d’entre nous, si nous laissons le pouvoir hors de contrôle. »

Kilmar Abrego Garcia vivait depuis treize ans dans le Maryland avec sa femme, Jennifer Vasquez Sura, citoyenne américaine, et leur enfant. En mars, il a été expulsé vers la prison de haute sécurité CECOT au Salvador, malgré une décision de justice datant de 2019 interdisant sa déportation en raison des risques de persécutions par des gangs locaux.

Le gouvernement Trump a reconnu dans des documents judiciaires que son expulsion constituait une erreur, violant ainsi cette décision d’un juge en matière d’immigration. Néanmoins, l’administration continue de le présenter comme un membre présumé du MS-13, ce que sa famille et ses avocats réfutent vigoureusement.

Après cette déportation controversée, la famille d’Abrego Garcia a porté plainte, menant à une ordonnance de la juge fédérale Paula Xinis exigeant son retour aux États-Unis. La Cour suprême a confirmé cette décision le 10 avril.

L’accusation actuelle résulte d’une enquête criminelle ouverte en avril, après qu’un contrôle routier effectué par la police du Tennessee en 2022 a attiré l’attention des autorités. Abrego Garcia, arrêté pour excès de vitesse avec huit passagers à bord, avait expliqué qu’ils travaillaient sur des chantiers de construction dans le Missouri. Aucune infraction ne lui avait été reprochée à l’époque.

Selon ABC News, les fédéraux ont par la suite interrogé Jose Ramon Hernandez-Reyes, propriétaire du véhicule et ancien condamné pour trafic de migrants. Ce dernier, après avoir obtenu une immunité partielle, a affirmé avoir engagé Abrego Garcia pour transporter des migrants depuis le Texas vers d’autres États.

Jennifer Vasquez Sura a défendu son mari en affirmant qu’il « transportait parfois des collègues ouvriers d’un chantier à un autre » et qu’il n’a aucun lien avec un quelconque réseau criminel.

Entré illégalement aux États-Unis à l’adolescence en 2012, Abrego Garcia a tenté de régulariser sa situation en épousant une citoyenne américaine en 2019. Il n’avait jusqu’ici fait l’objet d’aucune condamnation.

Le retour d’Abrego Garcia résulte de discussions diplomatiques de haut niveau entre les États-Unis et le Salvador, d’après ABC News. L’affaire met en lumière les conséquences graves que peuvent avoir les erreurs administratives dans un système migratoire complexe et politisé.

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