Départ de Laurent Saint-Cyr pour les Etats-Unis et le Japon: entre diplomatie et urgence politique en Haïti

Darbouze Figaro

Le président du Conseil présidentiel de transition, Laurent Saint-Cyr, a quitté Port-au-Prince le dimanche 5 octobre 2025 pour les États-Unis et le Japon, dans un contexte politique interne tendu et à l’approche d’une échéance constitutionnelle cruciale.

Si les objectifs précis de ce déplacement n’ont fait l’objet d’aucune communication officielle, son timing et son contexte politique envoient un signal sur les priorités et les défis du pouvoir haïtien actuel.

Le président du CPT n’était pas seul au moment de son embarquement à l’aéroport international Toussaint Louverture. Il a été accompagné par plusieurs hautes autorités, notamment Leslie Voltaire, membre influent du CPT lui-même, et le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Cette présence conjointe de hautes autorités à l’aéroport semble vouloir sceller une unité de façade et conférer à ce voyage une importance capitale pour l’avenir du pays.

Officiellement, aucune précision n’a été fournie quant à l’agenda de M. Saint-Cyr à Washington et Tokyo. Cependant des informations disponibles indiquent qu’il s’agirait d’une « tournée diplomatique et économique ».

Ce voyage intervient en effet au lendemain d’un appel pressant des États-Unis adressé au gouvernement haïtien. Washington via son chargé d’affaires à Port-au-Prince, Henry Wooster, a explicitement demandé au Conseil présidentiel de transition et au gouvernement dirigé par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé de présenter « sans délai » un plan et un calendrier électoral crédible.

La présence de Laurent Saint-Cyr sur le sol américain, dès le lendemain de cette injonction, est perçue comme une réponse directe, une volonté de discuter de vive voix des conditions et du soutien nécessaire pour organiser ces élections tant attendues.

L’urgence intérieure : l’épée de Damoclès du 7 février 2026

Au-delà des attentes internationales, une autre échéance, plus menaçante encore, plane sur ce déplacement : l’approche imminente du 7 février 2026. Cette date est censée marquer, conformément à l’accord politique originel du 3 avril 2024, la fin du mandat du CPT. Or, à moins de quatre mois de ce terme critique, aucune discussion politique formelle n’est engagée pour déterminer ce qui adviendra après. Le spectre d’un vide institutionnel total, le 8 février, commence sérieusement à inquiéter.

L’absence de dialogue entre les différentes factions pour proroger le mandat du CPT, désigner une nouvelle autorité transitoire ou enclencher un processus électoral irréversible place le pays dans une situation de grande vulnérabilité. Le départ du président Saint-Cyr pour l’étranger, dans un tel contexte, peut être interprété comme une course contre la montre pour obtenir les garanties et le soutien nécessaires afin d’éviter un effondrement institutionnel.

Le voyage de Laurent Saint-Cyr aux États-Unis et au Japon est bien plus qu’une simple routine diplomatique. C’est une mission qui se déroule sous la double pression de la communauté internationale, exigeant des élections, et d’un compte à rebours interne menaçant la stabilité déjà précaire du pays. Le président du Conseil présidentiel de transition devra non seulement trouver des partenaires économiques, mais aussi et surtout, des appuis politiques pour naviguer dans la période délicate qui s’annonce.

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