Décès d’une ressortissante haïtienne sous la garde de l’ICE : la députée Sheila Cherfilus-McCormick réclame des comptes

Emmanuel Paul

La députée américaine d’origine haïtienne Sheila Cherfilus-McCormick exige une enquête complète et transparente sur les circonstances ayant conduit au décès subit d’une ressortissante haïtienne dans un centre de détention des services de l’immigration américaine.

Marie Ange Blaise, une femme haïtienne de 44 ans, est décédée vendredi soir au Broward Transitional Center à Pompano Beach, en Floride, alors qu’elle se trouvait sous la garde de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), l’agence fédérale américaine chargée de l’immigration.

Son décès soulève une vive indignation, notamment du côté de la députée démocrate de Floride.

Lors d’une intervention à la Chambre des représentants mercredi, la congressiste haïtiano-américaine a dénoncé avec fermeté les pratiques de détention de l’ICE et les politiques migratoires de l’administration Trump, les qualifiant de « négligentes et cruelles depuis le premier jour. »

« Je demande une enquête complète et transparente sur la mort de Marie, et je me rendrai très bientôt au Broward Transitional Center », a-t-elle déclaré devant ses collègues parlementaires, a rapporté UPI.

Selon un communiqué publié mardi par l’ICE, Marie Ange Blaise était entrée aux États-Unis sans admission officielle à une date et un lieu non précisés. Le 12 février dernier, elle avait été interceptée par les services des douanes à l’aéroport international Henry E. Rohlsen à Saint Croix, dans les îles Vierges américaines, alors qu’elle tentait d’embarquer pour Charlotte, en Caroline du Nord.

Après avoir reçu un avis de renvoi accéléré, elle avait été transférée en détention ICE à San Juan, Porto Rico, puis dirigée vers le Richwood Correctional Center à Oakdale, en Louisiane. Le 5 avril, elle avait été déplacée au centre de Pompano Beach, en Floride, où elle est décédée trois semaines plus tard.

L’ICE a confirmé que Marie Ange Blaise avait été déclarée morte à 20h35 le vendredi 26 avril. Les causes du décès font actuellement l’objet d’une enquête.

Pour la députée Cherfilus-McCormick, la responsabilité de l’ICE ne fait guère de doute. Selon ses déclarations, la détenue se serait plainte pendant des heures de douleurs à la poitrine, sans recevoir les soins appropriés.

« Ils lui ont donné quelques pilules et lui ont dit de s’allonger. Malheureusement, Marie ne s’est jamais réveillée », a-t-elle affirmé. « Ses proches méritent des réponses. Ils méritent que justice soit faite. »

Ce décès intervient dans un contexte tendu où l’administration Trump poursuit une politique de déportation massive.

D’après les chiffres de l’ICE, 65 682 immigrants en situation irrégulière ont été expulsés durant les 100 premiers jours de la présidence, et près de 66 500 autres ont été arrêtés.

L’agence affirme avoir intensifié de manière significative ses opérations, tout en assurant que toutes les personnes détenues reçoivent des soins médicaux, dentaires et psychologiques.

Mais la députée Cherfilus-McCormick rejette fermement cette version : « Les immigrants sont traités sans dignité, privés de soins de santé de base », a-t-elle martelé. « Ce système met en danger des vies humaines, en particulier celles des personnes les plus vulnérables. »

Le décès de Marie Ange Blaise relance les critiques contre les conditions de détention dans les centres de l’ICE, déjà dénoncées par de nombreuses ONG et organismes de défense des droits de l’homme. La députée, seule femme haïtienne-américaine actuellement élue au Congrès, entend poursuivre la pression pour obtenir des réponses concrètes et un changement de politique.

« Ce n’est pas seulement une question d’immigration. C’est une question d’humanité, de justice et de responsabilité », a-t-elle conclu.

La députée Cherfilus-McCormick n’est pas la seule à condamner cet incident regrettable. La représentante Frederica Wilson, qui représente une partie du comté de Broward, a également déploré cet incident qui aurait pu être évité, n’était-ce la mise en place d’une politique migratoire inhumaine et discriminatoire de l’administration Trump.

 

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