De nouveaux détails sur l’intervention des mercenaires américains en Haïti

CTN News
Par CTN News
Categories: Haïti Haiti Sécurité

Alors que les violences des gangs atteignent des niveaux sans précédent en Haïti, près de 200 agents de la société de sécurité privée Vectus Global, dirigée par l’ancien Navy Seal Erik Prince, vont être déployés dans le pays pour une mission d’un an. Cette intervention, confirmée par une source anonyme proche du dossier, vise à soutenir le gouvernement haïtien dans sa lutte contre les groupes armés qui contrôlent une partie du territoire.

Fondée par Erik Prince, connu pour avoir créé la controversée Blackwater, Vectus Global fournira des services de sécurité, de logistique et de conseil stratégique. Son objectif : aider les autorités à reprendre le contrôle des zones occupées par les gangs et restaurer les capacités de l’État à percevoir des revenus une fois la situation stabilisée.

Ce déploiement intervient après les déclarations de Fritz Alphonse Jean, ancien président du Conseil présidentiel de transition, qui avait évoqué en juin le recours à des contractants étrangers sans en préciser les détails. Cependant, l’initiative suscite des inquiétudes.

Pour Romain Le Cour Grandmaison, directeur de l’Observatoire haïtien à la Global Initiative Against Transnational Organized Crime, cette approche pourrait aggraver les problèmes.

« Sans stratégie coordonnée avec la communauté internationale, le recours à des sociétés privées risque de fragmenter davantage la souveraineté haïtienne plutôt que de résoudre la crise », a déclaré Romain Le Cour Grandmaison.

Un responsable de l’administration Trump a précisé que les États-Unis ne sont « ni impliqués, ni financeurs » de cette opération, laissant Vectus Global agir sans supervision directe de Washington.

Le déploiement des contractants – issus notamment des États-Unis, du Salvador et d’Europe– vise à épauler la Police nationale d’Haïti (PNH) ainsi que la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), qui peine à contenir les gangs malgré l’appui de policiers kenyans. Cette mission, initialement prévue pour 2 500 agents, n’en compte que 991, avec des moyens financiers insuffisants.

La menace Viv Ansanm, une coalition redoutable

Derrière cette escalade se trouve Viv Ansanm, une alliance de gangs formée en 2023, classée organisation terroriste par les États-Unis. Dirigée en partie par Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », elle a mené des attaques massives, dont des assauts contre deux prisons ayant libéré 4 000 détenus, et paralysé l’aéroport international pendant trois mois.

« Viv Ansanm dispose d’une puissance militaire sous-estimée. Toute opération mal préparée risque d’enflammer encore plus le conflit », met en garde Diego Da Rin, analyste à International Crisis Group.

Entre avril et juin 2025, l’ONU a recensé 1 520 morts et 600 blessés, majoritairement liés aux affrontements entre gangs, forces de l’ordre et milices d’autodéfense. Près de 1,3 million de personnes ont été déplacées en quelques années.

(Sources combinées : NPR-AP-Reuters)

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