Une opinion d’Eva Smets, directrice générale d’Oxfam Belgique
Depuis le début de la pandémie, le monde compte un nouveau milliardaire toutes les 26 heures. Les dix personnes les plus riches du monde – tous des hommes – ont même doublé leur fortune en moins de deux ans. Et en Belgique, les 1 % les plus riches détiennent désormais 15 % de la richesse, soit plus que la richesse combinée de la moitié de la population belge.
Ce ne sont que quelques-uns des faits marquants publiés dans le nouveau rapport d’Oxfam à l’occasion du Forum économique mondial (WEF) de Davos qui a lieu en mode virtuel du 17 au 21 janvier. Depuis des décennies, la société civile alerte sur la dangerosité d’une concentration extrême des richesses. Et les activistes ne sont pas les seuls à s’alarmer de ces inégalités : le FMI, la Banque mondiale et le Crédit suisse ont tous prédit que la pandémie déclencherait un pic mondial des inégalités.
On le sait à présent, la pandémie et les mesures adoptées pour l’endiguer touchent les pauvres bien plus durement. Le niveau de revenu a en réalité un impact plus important sur le taux de létalité du virus que l’âge. Partout dans le monde, les personnes les plus pauvres, les femmes et les groupes racisés et marginalisés ont été plus durement touchés. Quant aux personnes qui vivent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, elles sont environ deux fois plus susceptibles de mourir d’une infection au Covid-19 que celles vivant dans les pays riches.
Les femmes, perdantes de la pandémie
Jusqu’à présent, la pandémie a fait reculer de plus d’une génération l’horizon pour atteindre la parité, passant de 99 à 135 ans. La crise sanitaire a donc retardé de plus d’une génération le temps nécessaire pour parvenir à l’égalité femmes-hommes.
En effet, les femmes ont perdu collectivement 800 milliards de dollars de revenus en 2020. Et tandis que l’emploi des hommes s’est redressé plus rapidement à…