Le représentant permanent adjoint d’Haïti, Fritzner Gaspard, a alerté sur la détérioration constante de la situation humanitaire dans son pays, ravagé par la violence aveugle des gangs armés, lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies, jeudi. Il a insisté sur un ensemble de faits fragilisant davantage le tissu social haïtien, citant notamment l’utilisation du viol comme arme de domination contre les femmes et les enfants.
Un financement humanitaire très insuffisant
Le diplomate a déclaré que la gravité de la situation en Haïti nécessite un plan de réponse humanitaire coordonné, intégré et durable, doté de ressources suffisantes. Il a jugé préoccupant le faible financement du plan de réponse humanitaire des Nations Unies pour Haïti, qui n’a jusqu’ici été financé qu’à moins de 10 %. Sur les 908 millions de dollars nécessaires pour venir en aide à plus de 3 millions d’Haïtiens, seulement 70 millions ont été versés par les donateurs.
Des déplacés internes et une crise agricole
Gaspard a souligné que la réponse humanitaire demeure un impératif vital, compte tenu du nombre important de déplacés internes fuyant la violence des gangs. Bien que son gouvernement ait mobilisé des ressources pour aider plus de 200 000 familles vulnérables, celles-ci restent largement insuffisantes. De plus, la production agricole n’atteint souvent pas les centres urbains, ce qui aggrave la crise.
Priorité au retour des déplacés et au développement
Le gouvernement haïtien recommande à ses partenaires régionaux et internationaux de privilégier un soutien permettant aux populations déplacées de rentrer chez elles et de réduire leur dépendance à long terme à l’aide humanitaire. Le diplomate a plaidé en faveur d’un format hybride combinant assistance sécuritaire, humanitaire et développement, conformément à la proposition du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Un soutien logistique et sécuritaire essentiel
Au nom de son gouvernement, M. Gaspard a sollicité un soutien logistique sécurisé pour l’acheminement de l’aide, ainsi qu’un appui massif à la relance agricole et aux petites et moyennes entreprises. Il a rappelé que la résolution de la crise humanitaire est indissociable de celle des problèmes de sécurité, et a invité les membres du Conseil de sécurité à se prononcer rapidement sur la proposition du secrétaire général concernant le rôle de l’ONU face à cette crise.
Le témoignage poignant de Jean-Jean Roosevelt
Lors de la réunion du Conseil de sécurité du 28 août 2025, le musicien et ambassadeur de bonne volonté de l’UNICEF, Jean-Jean Roosevelt, a été invité à prendre la parole. Il a comparé la violence armée qui déchire Haïti à « une guitare cassée dont les cordes ne produisent que larmes et cris ». Alors que des groupes armés prennent le contrôle de quartiers entiers, « les enfants vivent désormais dans une symphonie de peur ; chaque ruelle est transformée en une note dissonante ».
Les enfants, premières victimes de la violence
Jean-Jean Roosevelt a dénoncé le lourd tribut payé par les enfants : recrutés de force, maltraités et utilisés comme chair à canon, comme si leur jeunesse n’avait plus aucune valeur. « Les écoles, autrefois sanctuaires, sont devenues des champs de mines », a-t-il ajouté, avec des salles de classe détruites ou transformées en abris pour les familles déplacées.
Un appel à agir pour l’avenir d’Haïti
L’artiste a qualifié cette réalité de « condamnation silencieuse de toute une génération », exhortant la communauté internationale à « agir pour qu’Haïti retrouve des écoles, des hôpitaux et des espaces sûrs » afin que les enfants ne vivent plus dans la peur, mais « dans la promesse de demain ».