Crise en Haïti : l’OEA mobilise ses partenaires autour d’un plan stratégique

Mederson Alcindor
Credit: Odelyn Joseph, Associated Press

Face à la dégradation rapide de la situation en Haïti, l’Organisation des États américains (OEA) a amorcé l’élaboration d’une feuille de route stratégique en cinq volets, lors de la première réunion du Groupe des amis d’Haïti. Cette rencontre, tenue au siège de l’organisation à Washington, marque un nouveau pas vers une coordination régionale plus structurée pour faire face aux crises multiples que traverse le pays.

Conduite par le secrétaire général adjoint Albert Ramdin, cette initiative s’inscrit dans le cadre de la résolution 3039 de l’Assemblée générale de l’OEA. Elle bénéficie du soutien de plusieurs États membres, d’observateurs permanents et d’organisations internationales partenaires. L’objectif : coordonner les efforts internationaux autour d’un plan clair et pragmatique, en consultation avec le gouvernement haïtien et les principales institutions actives sur le terrain.

Le document de travail présenté par Albert Ramdin repose sur cinq axes principaux :

  1. Stabilisation sécuritaire : appui à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) et renforcement des institutions sécuritaires haïtiennes.

  2. Réponse humanitaire : soutien d’urgence aux populations affectées par la violence, la faim et les déplacements internes.

  3. Consensus politique : accompagnement des efforts de dialogue et de réconciliation nationale.

  4. Légitimité électorale : appui technique et logistique pour l’organisation d’élections libres, inclusives et crédibles.

  5. Développement durable : relance économique, appui à l’agriculture, amélioration des services de base et création d’opportunités pour la jeunesse.

« Le rétablissement de la stabilité passe par une stratégie claire, alignée sur les priorités des Haïtiens et produisant des résultats visibles sur le terrain », a souligné Albert Ramdin.

Parmi les participants à la réunion figuraient des représentants de haut niveau de pays membres et d’institutions partenaires. Myrtha DÉSULME, représentante permanente d’Haïti auprès de l’OEA, a plaidé pour une action rapide et structurée ; Carlos Ruiz Massieu, chef du BINUH, et Mara Tekach, directrice de la MMAS, ont souligné l’urgence de la situation sécuritaire ; Ilan Goldfajn, président de la BID, Mary Lou Valdez (OPS), Lloyd Day (IICA), Nabila Assaf (Banque mondiale) et Sowmya Krishnamoorthy (PADF) ont chacun insisté sur l’importance d’une approche intégrée, touchant à la sécurité, la santé, l’agriculture et l’économie.

Le représentant du Kenya, David Kerich, pays à la tête de la force multinationale, a réaffirmé l’engagement de Nairobi à accompagner Haïti dans cette transition sécuritaire.

En marge de cette rencontre, Albert Ramdin a proposé la tenue d’une conférence internationale des donateurs, placée sous la coordination de la Banque interaméricaine de développement (BID). L’objectif est de mobiliser des financements pour mettre en œuvre les premières étapes du plan dès les prochains mois.

« La réponse à la crise haïtienne doit être rapide, coordonnée et conforme aux principes de la Charte de l’OEA », a rappelé Ramdin, insistant sur la nécessité d’un suivi transparent et d’une collaboration étroite avec les autorités haïtiennes.

La feuille de route, actuellement en cours de finalisation, sera soumise prochainement au Conseil permanent de l’OEA, après consultation des parties concernées. L’organisation a promis de rendre le processus participatif et conforme aux attentes des Haïtiens.

Dans un contexte marqué par l’instabilité politique, l’effondrement des services publics et la montée en puissance des gangs, cette initiative représente un effort régional structurant pour sortir Haïti de l’impasse.

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