Crise au sommet de l’État : le Président du CPT Laurent Saint-Cyr s’oppose au renvoi du Premier ministre à deux mois de la fin de la transition

Darbouze Figaro

Le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, a formellement déclaré mercredi sa ferme opposition à toute tentative de révocation du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, mettant en garde les membres du conseil. Dans une correspondance interne adressée à ses collègues, le coordonnateur du CPT a alerté sur les risques d’une crise institutionnelle à moins de deux mois de l’échéance du 7 février 2026.

La lettre de deux pages et demie, rédigée sur un ton particulièrement grave, révèle l’existence de « manœuvres intensifiées ces derniers jours » visant à provoquer un changement de gouvernement. Le Président Saint-Cyr dénonce ces initiatives qui « ont troublé la sérénité indispensable au bon fonctionnement du Conseil » et « font peser une menace sérieuse sur la stabilité du pays ».

Selon le coordonnateur, ce remaniement à haut risque « porterait un coup sévère aux efforts déjà engagés pour rétablir la sécurité et organiser les élections ». Il souligne que ces manœuvres ont « suscité les préoccupations légitimes de nos partenaires internationaux » et installé « une inquiétude réelle au sein de l’opinion publique nationale ».

En effet la démarche visant à remplacer le Premier ministre a déjà conduit à des sanctions contre l’un des principaux instigateurs, le Conseiller-Président Fritz Alphonse Jean. Ce dernier a été sanctionné par le gouvernement américain qui l’accuse de soutenir des gangs et d’entraver la lutte d’Haïti contre les « gangs terroristes ».

Des accusations rejetées par Fritz Jean

« Dès que nous avons commencé à examiner la possibilité de changer de chef du gouvernement, les membres du Conseil ont reçu des menaces d’annulation de visa et d’autres sanctions. », a déclaré l’ancien gouverneur de la Banque centrale, affirmant que des menaces explicites de la part de diplomates américains et canadiens ont été adressées à des membres du Conseil présidentiel.,

Le Président du CPT, qui s’oppose à la révocation du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, justifie sa position en invoquant « l’intérêt supérieur de la Nation » et la nécessité de « dépasser nos divergences » pour servir « le collectif ». Tout en reconnaissant que « certains ajustements peuvent toujours être envisagés pour redynamiser l’action gouvernementale », il rejette catégoriquement « un bouleversement majeur de l’équilibre institutionnel ».

« Je ne peux adhérer à un bouleversement majeur qui fragiliserait davantage une institution déjà éprouvée et mettrait en péril la stabilité minimale nécessaire à l’achèvement responsable de la transition », affirme-t-il avec fermeté.

Laurent Saint-Cyr a fait état des « avancées importantes » réalisées sous sa coordination, évoquant notamment « des progrès dans le rétablissement de la sécurité, le dialogue engagé avec les partis politiques, l’allocation de fonds nécessaires au processus électoral et la préparation du décret électoral et du calendrier ».

Le coordonnateur souligne que « de petites victoires sur le plan sécuritaire » commencent à porter leurs fruits, grâce aux « efforts conjoints de la Primature et de la Présidence », particulièrement dans le cadre de la mise en œuvre de la Force de Répression des Gangs (FRG).

Un appel solennel à l’unité

Dans un plaidoyer vibrant, Laurent Saint-Cyr appelle à « la sérénité, au dialogue, à la collaboration et à l’unité » face à cette « période décisive, qui risque de déboucher sur des crises en cascade ». Il réaffirme son attachement à « la stabilité, la rigueur qui doit guider l’action publique, la lutte résolue contre l’insécurité et le respect de l’indépendance du Conseil Électoral Provisoire ».

Cette crise intervient alors que la transition approche de son terme théorique du 7 février 2026. La position ferme du Président Saint-Cyr, qui « ne s’associe pas à ces démarches » de renversement du gouvernement, illustre les profondes divisions au sein du CPT et la difficulté à maintenir un cap stable dans la période cruciale d’organisation des élections.

« Haïti mérite un leadership responsable, lucide et courageux, entièrement dévoué à l’intérêt général », conclut Laurent Saint-Cyr.

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