C’est l’apaisement après la colère. L’État haïtien a finalement mis sur pause la taxe sur les salaires qui avait provoqué un mouvement de protestation massif à la zone franche de la CODEVI, dans le Nord-Est. Retour sur une crise sociale qui a paralysé ce parc industriel…
Depuis le 6 octobre, les ateliers de la CODEVI, propriété du groupe dominicain Grupo M, sont silencieux. Des centaines d’ouvriers, soutenus par des syndicats, avaient cessé le travail pour protester contre une nouvelle mesure de régularisation fiscale imposée par les autorités haïtiennes.
La colère grondait, les lignes de production se sont arrêtées, poussant la direction à suspendre toutes les activités par souci de sécurité.
Face à la crise, le gouvernement haïtien a finalement réagi. Dans une note conjointe, le ministère de l’Économie et des Finances et le ministère des Affaires sociales et du Travail ont annoncé deux décisions majeures pour débloquer la situation.
« Aucun prélèvement par la Direction Générale des Impôts ne sera effectué à titre temporaire sur les salaires des travailleurs concernés. Une rencontre tripartite avec les représentants de l’exécutif, des syndicats et du patronat sera organisée en vue de discuter de la question du salaire minimum. »
En contrepartie de cette suspension temporaire, les syndicats se sont engagés à appeler les ouvriers à reprendre le travail dès ce mercredi 8 octobre.
De son côté, la CODEVI avait tenu à clarifier sa position plus tôt dans la semaine. Dans un communiqué, l’entreprise s’est présentée comme simple exécutante des lois haïtiennes, sans intervenir dans les décisions gouvernementales.
La direction avait expliqué avoir suspendu ses activités principalement pour la sécurité de son personnel, tout en appelant à un dialogue transparent pour éviter toute confusion préjudiciable aux travailleurs.
« Cette crise révèle la grande sensibilité de la question salariale en Haïti, surtout dans un contexte économique déjà très difficile. Le gouvernement a dû reculer face à la mobilisation, mais la question du financement de l’État reste entière. »
Le calme semble donc revenir à la CODEVI, mais pour combien de temps ? La rencontre tripartite annoncée entre gouvernement, patronat et syndicats sera déterminante. Elle devra trouver un équilibre entre les besoins de financement de l’État et le pouvoir d’achat déjà fragile des travailleurs.
Les négociations vont donc reprendre sous haute tension sociale. La reprise du travail à la CODEVI ce mercredi s’annonce comme un simple répit dans un dossier qui reste brûlant.
Le parc industriel de Codevi a créé 20 000 emplois depuis sa création en 2002. La compagnie est régulièrement secouée par des mouvements de protestation.