En pleine tourmente sécuritaire, les autorités haïtiennes ont commémoré, le mardi 18 novembre 2025, le 222e anniversaire de la Bataille de Vertières, cet ultime combat qui scella l’indépendance d’Haïti. Cérémonie et discours étaient placés sous le signe d’une quête de stabilité, face à des gangs armés présentés comme les héritiers des anciens oppresseurs.
La Villa d’Accueil, siège du pouvoir de transition, a accueilli la cérémonie officielle en présence des membres du Conseil présidentiel de transition (CPT), du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, de membres du gouvernement, du corps diplomatique et du haut commandement militaire et policier, dans un contexte de paralysie partielle de la capitale.
Dans son allocution, le président du CPT, Laurent Saint-Cyr, a dressé un parallèle entre les combats d’hier et ceux d’aujourd’hui. « Hier, nous combattions un système qui niait notre humanité. Aujourd’hui, nos ennemis ont changé de visage », a-t-il déclaré, en référence aux gangs armés qui sont liés à des « réseaux criminels transnationaux, les trafiquants et blanchisseurs qui plongent le pays dans le chaos ». Il a affirmé que la « bataille » menée actuellement par la Police nationale et les Forces armées, appuyées par des forces étrangères, pour reprendre le contrôle du territoire constitue le nouveau front de l’État haïtien.
Le lieutenant-général Derby Guerrier, commandant en chef des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), a pour sa part fermement rappelé le rôle souverain de l’institution militaire. « Nous ne sommes pas une force supplétive. Nous sommes l’expression vivante de la volonté nationale de se défendre et de rester libre », a-t-il lancé. Il a dressé un tableau préoccupant de l’insécurité, une « souffrance quotidienne qui touche chaque foyer », et réaffirmé la détermination de l’armée à travailler avec la Police nationale pour « garantir un environnement sécuritaire ».
Le général a également souligné le déploiement de ses troupes sur des infrastructures stratégiques comme l’aéroport Toussaint Louverture ou le barrage de Péligre. En conclusion, il a adressé un message clair à la communauté internationale : « Investir dans une armée haïtienne forte, c’est investir dans la stabilité régionale. »
Les deux dirigeants ont puisé dans l’épisode historique de Vertières une source de leçons et de courage. « À Vertières, le peuple haïtien a montré que la liberté ne se donne pas, elle se conquiert ; et que quand nous nous unissons, aucune force ne peut nous briser », a rappelé Laurent Saint-Cyr. Il a appelé à un moment de « lucidité collective » pour « honorer les immenses sacrifices des ancêtres ».
Dans un communiqué, la Primature a indiqué que le Premier ministre avait mis en lumière ses efforts pour « moderniser et renforcer les FAd’H », des initiatives qui s’inscrivent dans une vision de » souveraineté retrouvée ».
Alors que le pays s’engage dans un calendrier électoral devant mener au scrutin du 30 août 2026, le président du CPT a encouragé tous les acteurs nationaux à participer à cette reconstruction démocratique. C’est par « la concertation, le dialogue et la coopération », a-t-il conclu, que le pays pourra véritablement honorer la mémoire de Vertières et sortir de l’ornière. La route s’annonce encore longue, mais les autorités espèrent que l’esprit des héros de 1803 servira de boussole.
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