Des scènes de tension ont éclaté lundi matin à l’aéroport international de Los Angeles (LAX), où plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés pour dénoncer la nouvelle interdiction de voyage signée par le président Donald Trump.
Le décret, qui touche une douzaine de pays africains, des Caraïbes et du Moyen-Orient, est dénoncé par les associations de défense des droits comme une mesure discriminatoire visant spécifiquement les populations musulmanes et africaines.
Brandissant des pancartes « No Muslim Ban, No African Ban » (« Non à l’interdiction des musulmans, non à l’interdiction des Africains ») et scandant « Immigrants are welcome here » (« Les immigrés sont les bienvenus ici »), les manifestants ont envahi les terminaux de LAX, rappelant les scènes chaotiques de 2017 lorsque Trump, alors président, avait instauré une première version de l’interdiction visant les ressortissants de pays à majorité musulmane, selon The Mirror US.
L’événement était organisé par le Council on American-Islamic Relations (CAIR), qui dénonce une décision motivée par des considérations idéologiques. « Cette mesure est inutile, excessive et idéologiquement motivée », a déclaré Hussam Ayloush, directeur exécutif du CAIR de Los Angeles, lors du rassemblement. « Nous restons fermement engagés à défendre les droits garantis par la Constitution et la dignité de toutes les personnes affectées par les politiques injustes de notre nation. »
Le nouveau décret présidentiel interdit temporairement l’entrée aux États-Unis aux citoyens de 12 pays : Afghanistan, Birmanie, Tchad, République du Congo, Guinée équatoriale, Érythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan et Yémen. Sept autres nations – dont le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela – font également l’objet de restrictions de voyage accrues.
Pour Masih Fouladi, directeur exécutif du California Immigrant Policy Center (CIPC), cette interdiction est clairement une attaque contre des communautés spécifiques. « C’est une mesure discriminatoire visant à séparer les familles. Nous ne pouvons pas tolérer cela, et nous ne le tolérerons pas ici, à Los Angeles. Nous ne laisserons pas la haine l’emporter », a-t-il affirmé devant la foule. « Nous allons continuer à nous battre. »
Le décret survient quelques mois après qu’un ordre exécutif de Trump a demandé aux agences fédérales de dresser un rapport sur les « attitudes hostiles » à l’égard des États-Unis et sur les risques potentiels pour la sécurité nationale associés à l’entrée de certains ressortissants étrangers.
Certaines catégories de personnes échappent toutefois à l’interdiction : les titulaires de cartes vertes, les Afghans bénéficiant de visas spéciaux d’immigration, ainsi que les Iraniens fuyant la persécution. Les personnes disposant de visas valides délivrés avant la mise en œuvre du décret sont également autorisées à entrer.
Donald Trump a justifié sa décision en affirmant que plusieurs pays concernés avaient des dispositifs de filtrage « défaillants » ou refusaient régulièrement de reprendre leurs ressortissants expulsés.
La colère autour de cette décision a été exacerbée dimanche après que Trump a ordonné le déploiement de la Garde nationale à Los Angeles, à la suite de manifestations contre sa politique migratoire. Environ 300 soldats ont été envoyés sur place, suscitant indignation et inquiétude parmi les habitants.
Des affrontements violents ont éclaté samedi entre manifestants et agents fédéraux de l’immigration, qui ont eu recours à des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc. Des protestataires ont riposté en lançant des pierres sur les véhicules de la Border Patrol.
Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a annoncé son intention de contester cette décision devant la justice. « Réquisitionner la Garde nationale d’un État sans consulter le gouverneur est illégal et immoral », a-t-il déclaré sur MSNBC, selon The Mirror US.
L’administration Trump n’a pas encore répondu aux critiques croissantes, mais cette nouvelle escalade alimente un climat déjà tendu autour des politiques migratoires du président, alors que l’élection présidentielle de novembre approche.
Colère et manifestations à l’aéroport de Los Angeles après la nouvelle interdiction de voyage imposée par Trump
