Le gouvernement canadien a dévoilé un nouveau plan d’immigration pour 2026–2028 marquant un tournant majeur : forte réduction du nombre d’étudiants internationaux et de résidents temporaires, légère baisse des admissions à la résidence permanente, et priorité accrue aux candidats francophones.
Après des années de politique migratoire massive — permanente et surtout temporaire — pour soutenir la croissance économique, Ottawa entend désormais « reprendre le contrôle » d’un système jugé sous tension, notamment sur le plan du logement, des services publics et de l’intégration.
Le changement le plus spectaculaire concerne les résidents temporaires.
Selon le plan, leurs admissions chutent de 673 650 en 2025 à 385 000 en 2026, puis 370 000 en 2027 et 2028.
Le ministère fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté (IRCC) vise à ramener la proportion de résidents temporaires à moins de 5 % de la population totale d’ici fin 2027.
Ottawa justifie cette réduction « graduelle, mais substantielle » par la nécessité de rendre le système « plus durable » et de soulager certains marchés locaux — logement, santé et éducation — sollicités par la croissance rapide du nombre d’étudiants et de travailleurs étrangers.
Les étudiants internationaux en première ligne
Les étudiants internationaux sont les plus touchés. Le Canada installe un plafond national de 155 000 nouveaux permis d’études en 2026, soit une baisse de 49 % par rapport à 2025. À partir de 2027, ce plafond descend à 150 000 par an.
Pour les universités et collèges canadiens, l’impact est considérable. Nombre d’entre eux ont fondé leur modèle financier sur les droits de scolarité élevés des étudiants étrangers. Les établissements doivent désormais accélérer leur diversification financière et leur recrutement local.
Les analystes en immigration conseillent aux étudiants et travailleurs déjà sur place de anticiper leur parcours vers la résidence permanente. Les candidats intéressés sont invités à renforcer leurs compétences linguistiques, particulièrement en français.
Pour la résidence permanente, Ottawa opte pour la stabilité avec une légère réduction : 380 000 nouveaux résidents permanents par an de 2026 à 2028.
Le gouvernement réaffirme que l’immigration permanente reste un pilier de sa stratégie démographique et économique. La part des catégories économiques (travailleurs qualifiés, programmes provinciaux) doit passer à 64 % des admissions en 2028, contre 59 % actuellement.
Priorité accrue aux candidats francophones
Le plan 2026–2028 place également le français au cœur de la politique migratoire. Ottawa affiche clairement sa volonté d’augmenter la part des francophones hors Québec : de 9 % en 2026 à 10,5 % en 2028.
« Nous voulons attirer davantage de personnes capables de contribuer à la vitalité du français partout au pays, pas seulement au Québec », explique l’IRCC, envisageant de renforcer le poids de la maîtrise du français dans les programmes de sélection économique.
Pour les candidats des pays francophones, ces changements représentent une opportunité relative dans un contexte globalement restrictif. Les cabinets de conseil en immigration s’accordent à dire que les francophones auront un avantage comparatif croissant, notamment hors Québec.
Le gouvernement fédéral défend ces réductions comme un ajustement nécessaire pour préserver la durabilité du système. « Nous reprenons le contrôle de notre immigration et plaçons le Canada sur une trajectoire plus soutenable », a déclaré le ministre des Finances, citant la nécessité de maîtriser les coûts publics, de soutenir le marché du logement et de réorienter les flux migratoires vers des profils économiquement stratégiques.
Des voix s’élèvent déjà pour dénoncer l’impact potentiel sur les communautés locales. Les petites villes et régions qui ont misé sur l’arrivée d’étudiants et de travailleurs étrangers pour dynamiser leur économie craignent des retombées négatives, notamment en termes de main-d’œuvre et de vitalité démographique.
Le message adressé aux candidats potentiels est sans équivoque : le Canada restera une destination importante, mais dans un cadre plus contraint. Les experts recommandent de se documenter rapidement sur les nouvelles règles, de renforcer son dossier — en particulier son niveau de français — et d’adapter sa stratégie aux nouvelles priorités d’Ottawa.



