Boston réclame la transparence sur les interpellations de immigrants par les autorités fédérales

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

La Ville de Boston entend prendre des mesures pour dévoiler les arrestations secrètes menées par les agents de l’ICE.

La maire Michelle Wu, a annoncé que la ville commencera à déposer régulièrement des demandes d’accès à l’information (FOIA) auprès du Département de la Sécurité intérieure. L’objectif : obtenir les noms et les statuts des personnes interpellées par les agents fédéraux dans les rues de la ville.

“Ce sont des informations élémentaires dans un pays de droit et de procédures régulières : nous avons le droit, en tant que société, de savoir quand une personne a été arrêtée, qui, pourquoi, et où”, a déclaré Wu lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville, aux côtés de la sénatrice d’État Lydia Edwards, du conseiller municipal Enrique Pepén et de représentants d’associations de défense des droits des migrants, selon Universal Hub.

La ville sollicite également les consulats étrangers présents à Boston afin d’identifier les ressortissants potentiellement arrêtés sans notification, alors que les familles et les groupes communautaires cherchent désespérément à localiser leurs proches. Wu a insisté sur le fait que les familles méritent plus que le silence. “L’information est le minimum que le gouvernement puisse fournir aux familles des personnes détenues”, a-t-elle confié à Universal Hub.

Cette initiative reflète la frustration croissante au sein des communautés immigrées de Boston. Lenita Reason, du Brazilian Workers Center, a évoqué un incident récent à Allston-Brighton : un homme en route pour payer son loyer a été interpellé. “Nous ne voulons pas attendre deux ou trois semaines”, a-t-elle déclaré, simplement pour savoir où il est détenu, selon Universal Hub. Son organisation a pu aider sa femme et ses enfants à se nourrir, mais n’a pas les moyens de couvrir leur loyer. “Nous n’avons pas de fonds disponibles pour cela”,  a-t-elle ajouté.

Malgré la pression fédérale, Wu a affirmé que Boston ne se laissera pas intimider. “Mon conseil à Tom Homan et à l’ICE est de faire une pause, de reconsidérer ce que vous faites et comment vous le faites”, a-t-elle déclaré, visant les déclarations récentes de responsables fédéraux exigeant son silence, rapporte Universal Hub. Proposant ce qu’elle a qualifié de “petit conseil amical de la ville la plus sûre du pays”,  Wu a affirmé que la véritable sécurité ne vient pas “ de la peur, de la haine et des tactiques de police secrète”, mais de la confiance et de la coopération — comme celle construite entre la police de Boston et les communautés locales.

“ Le peuple américain n’est pas stupide”, a-t-elle ajouté, selon Universal Hub. “Personne ne croit que ces tactiques de police secrète rendent les communautés plus sûres, personne ne croit que cela sécurise nos villes.”

La sénatrice d’État Lydia Edwards a puisé dans ses liens personnels et historiques avec Boston pour replacer ce moment dans un combat plus large. Boston, a-t-elle rappelé, “ a toujours été une ville d’immigrés… qui sont devenus des citoyens profondément patriotes”, dont certains ont envoyé leurs enfants défendre la nation sous l’uniforme. “ Ils envoient leurs enfants mourir pour ce pays”, a-t-elle déclaré, la voix nouée, dénonçant ce qu’elle considère comme un retour de l’État fédéral à “l’ère Dred Scott”, selon Universal Hub.

Edwards, dont la lignée remonte à 1818 avec des ancêtres amenés aux États-Unis comme esclaves, a souligné que la communauté noire sait mieux que quiconque comment le pouvoir peut nier l’existence même des individus. “ La première chose qu’ils font lorsqu’ils vous retirent vos droits, c’est de nier que vous existez”, a-t-elle mis en garde, selon Universal Hub. Mais elle a lancé un avertissement ferme à ceux qu’elle accuse de vouloir faire reculer le pays : “Ils ne connaissent pas notre force, et nous sommes coriaces comme jamais. Nous sommes une ville de quartiers, et nous restons unis.” Et elle a ajouté, en s’adressant directement aux autorités fédérales : “Si vous nous frappez, nous frappons plus fort.”

Le conseiller municipal Enrique Pepén, représentant Hyde Park, Roslindale et Mattapan, a partagé un exemple concret de solidarité locale. Il a raconté que, récemment, une rumeur a circulé selon laquelle l’ICE opérait dans Washington Street à Roslindale — un quartier à forte population dominicaine. Immédiatement, le groupe “Roslindale Is For Everyone”, né durant la première présidence Trump, a mobilisé 20 volontaires pour informer les commerçants et surveiller l’école Sumner pendant la sortie des classes, afin de garantir la sécurité des enfants. “Notre communauté mérite mieux”, a déclaré Pepén, cité par Universal Hub.

Avec cette nouvelle stratégie fondée sur la transparence, la documentation et la protection des communautés, les responsables de la ville affirment qu’ils ne resteront pas silencieux.

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