Alors que le président Donald Trump affirme envisager d’étendre à d’autres grandes villes le recours à la Garde nationale, la gouverneure du Massachusetts Maura Healey et la mairesse de Boston Michelle Wu ont opposé une fin de non-recevoir, dénonçant une mesure inutile et irrespectueuse des prérogatives des États.
Interrogée lundi, Maura Healey a accusé la Maison-Blanche de privilégier l’affichage politique au détriment de la sécurité publique. « C’est du théâtre politique, cela n’améliore en rien la sécurité publique », a déclaré la gouverneure, en rappelant que l’administration a réduit plusieurs lignes budgétaires essentielles à l’échelle locale. « Si Donald Trump se souciait vraiment de la sécurité publique, il ne réduirait pas les financements aux forces de l’ordre locales — ce qu’il a fait —, il ne réduirait pas les financements du community policing — ce qu’il a fait —, il ne réduirait pas les financements aux services aux victimes — ce qu’il a fait. Et au fait, il a réduit de 40 % les crédits de la Garde nationale. »
Sur la possibilité de voir des militaires patrouiller dans les rues du Massachusetts, Healey a tenu à la fois à rassurer et à mettre en garde : « Nous sommes prêts », a-t-elle affirmé, tout en ajoutant : » Je ne veux pas que cela arrive. Ce serait terriblement irrespectueux envers les États, terriblement irrespectueux envers les membres de la Garde. »
À Boston, Michelle Wu a replacé l’échange dans un bras de fer plus large engagé, selon elle, contre des villes dirigées par des démocrates. « Nous sommes dans leur viseur depuis des mois à ce stade, parce que notre ville incarne tout ce qui démontre qu’ils ont tort. Ils ont tort sur la sécurité. Nous sommes la grande ville la plus sûre du pays parce que tout le monde, ici, participe à la sécurité », a déclaré Michelle Wu, qui dit suivre « de près » les recours judiciaires d’autres municipalités contre l’administration fédérale, selon Boston.com.
Les propos des élues s’inscrivent dans une séquence nationale où le gouvernement fédéral a déjà renforcé la présence de la Garde nationale à Washington, D.C., et agite la menace d’envois similaires à Chicago, New York ou Baltimore. Cette perspective a soulevé des critiques d’élus locaux, qui y voient un précédent dangereux en matière d’usage de forces militaires dans des missions de police.
À Los Angeles, l’État de Californie conteste en justice la fédéralisation et le déploiement de la Garde nationale opérés en juin, au motif que ces décisions auraient enfreint des limites légales à l’implication des militaires dans le maintien de l’ordre civil (Posse Comitatus Act) et empiété sur l’autorité du gouverneur. « Un pas évident vers l’autoritarisme », a résumé le gouverneur Gavin Newsom en annonçant sa plainte, déposée avec le procureur général Rob Bonta, rapporte Boston.com.
Plusieurs audiences ont déjà eu lieu en Californie, où l’État cherche à faire encadrer strictement — voire stopper — l’emploi de militaires dans des opérations assimilées à des fonctions de police. Des comptes rendus judiciaires et de presse spécialisés décrivent un procès test sur la frontière entre appui militaire « passif » et missions de police « actives ».
À Boston, une ligne rouge : l’autonomie locale et la police de proximité
Pour Michelle Wu, la sécurité de Boston repose d’abord sur une approche de proximité et de co-production avec les habitants, plutôt que sur une présence militaire non sollicitée. La mairesse défend un modèle où quartiers, services municipaux et police locale travaillent ensemble — un modèle qu’elle estime incompatible avec une intervention fédérale à caractère coercitif. « Nous sommes la grande ville la plus sûre du pays parce que tout le monde est impliqué dans la sécurité ici. »
Healey, qui commande la Garde nationale du Massachusetts à l’échelle de l’État, insiste sur le respect des chaînes de commandement et des compétences prévues par la loi.
L’envoi de troupes fédéralisées sans demande expresse de la gouverneure constituerait, selon elle, une entorse grave à cet équilibre. La ville de Boston et l’État du Massachusetts restent attentifs aux suites administratives et judiciaires : d’une part, à l’évolution des projets fédéraux de déploiement dans diverses métropoles ; d’autre part, aux décisions des tribunaux sur la légalité des précédents déploiements.
Source : Selon un article de Dialynn Dwyer pour Boston.com relatant les prises de position de Maura Healey et Michelle Wu.
Note : Toutes les citations de sources anglophones ont été fidèlement traduites en français.
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