Les écoles publiques de Boston (BPS) comptent cette année plusieurs centaines d’élèves de moins, un recul que la direction du district attribue en grande partie à la diminution du nombre d’élèves migrants et « nouvellement arrivés ». Selon des données présentées au Boston School Committee et publiées par le Dorchester Reporter, le système scolaire s’approche désormais de l’un de ses plus bas niveaux d’inscription de son histoire récente.
Au début de la semaine, BPS recensait exactement 46 824 élèves, en incluant les charter schools gérées par le district. Cela représente environ 1 700 élèves de moins que l’an dernier et pourrait constituer un plancher historique pour le système, qui scolarisait plus de 63 000 élèves au milieu des années 1990.
Dans une déclaration transmise au Reporter, la porte-parole de BPS résume le diagnostic : « Cette situation est principalement liée à une baisse de l’immigration internationale dans le district. Nous examinons en permanence les données pour comprendre les facteurs qui influent sur cette évolution, tout en maintenant la qualité des services afin de continuer à répondre aux besoins de tous nos élèves. »
Les « newcomers » en nette diminution
La surintendante Mary Skipper a détaillé ces tendances lors d’un exposé devant le Boston School Committee à la fin du mois dernier. Elle y a souligné que la baisse actuelle s’explique d’abord par le départ ou l’absence de retour d’une partie importante des élèves dits « newcomers » – ces enfants et adolescents arrivés récemment à Boston, souvent issus de familles migrantes.
« Ce que nous observons actuellement en matière d’inscriptions, et octobre est pour nous un mois très fluide, c’est clairement un recul des effectifs, et nous le voyons de manière très marquée dans notre population de nouveaux arrivants », a expliqué Skipper. « Elle représente cette année environ la moitié de ce qu’elle était l’an dernier. »
L’an passé, le district avait enregistré une légère hausse d’environ 260 élèves, après une année de quasi-stagnation. Ces deux années avaient été marquées par l’arrivée de nombreux élèves migrants, ce qui avait temporairement freiné une tendance de fond à la baisse. Désormais, une partie de ces familles a quitté le district ou s’est tournée vers d’autres solutions scolaires, et les flux de nouvelles arrivées semblent ralentir.
Un recul inscrit dans le temps long
Derrière les variations annuelles se dessine une érosion progressive des effectifs de BPS sur plusieurs décennies. Le district comptait plus de 63 000 élèves en 1995-1996, puis 57 349 en 2005-2006, et encore 54 667 il y a dix ans (en incluant les charter schools de district). L’année dernière, le système était remonté à 48 154 élèves après être passé sous la barre des 47 000 en 2023-2024, ce qui constituait déjà un seuil historiquement bas.
Les chiffres communiqués par BPS restent provisoires. Comme tous les districts de l’État, Boston doit transmettre ses effectifs officiels au Department of Elementary and Secondary Education (DESE) à la date de référence du 1er octobre. Un porte-parole de DESE a indiqué au Reporter que les données détaillées, école par école, devraient être rendues publiques début décembre.
Relancer la confiance des familles migrantes
Face à cette baisse, l’administration Skipper assure avoir engagé une campagne active pour reprendre contact avec les familles de nouveaux arrivants et comprendre les raisons de ces départs. « Nous faisons un effort considérable, avec des appels téléphoniques et des démarches de proximité, pour rassurer les familles et les élèves multilingues sur le fait que nous sommes un district sûr et accueillant », a déclaré la surintendante.
Ces initiatives visent autant à convaincre certaines familles de revenir dans le système public qu’à envoyer un signal politique à une communauté très exposée aux crises successives : logement, inflation, saturation des abris pour demandeurs d’asile et durcissement des discours sur l’immigration. Si BPS perd durablement une partie de ces élèves, l’impact se fera sentir non seulement sur les effectifs, mais aussi sur la diversité linguistique et culturelle des écoles de la ville.
Moins d’enfants, des cohortes plus petites
Au-delà de la baisse des arrivées internationales, Mary Skipper met en avant un autre facteur structurant : la démographie locale. Selon elle, le district est désormais confronté à des cohortes plus réduites dans de nombreux niveaux du primaire.
« C’est une conséquence du Covid et du fait que les gens n’ont plus que un ou deux enfants », a-t-elle observé. Elle précise que cette réalité a été prise en compte dans les projections d’inscriptions qui alimentent le plan de long terme pour les bâtiments scolaires. « Nous avons intégré cette donnée dans nos projections d’effectifs en réfléchissant au plan d’infrastructures sur le long terme. Il sera peut-être nécessaire, à un moment, d’ajuster encore ce plan si ces tendances se poursuivent. »
En d’autres termes, même si les flux migratoires devaient se stabiliser ou repartir à la hausse, le district s’attend à ce que les effectifs des classes restent plus modestes qu’au cours des décennies précédentes. Une évolution qui pourrait entraîner, à terme, des fermetures, des fusions d’écoles ou une réorganisation profonde de la carte scolaire, sujets déjà sensibles à Boston.
Pour l’instant, BPS assure vouloir « maintenir la qualité des services » pour tous les élèves, quel que soit leur profil. Mais, avec des effectifs au plus bas et une dépendance accrue aux « newcomers » pour éviter une poursuite de la chute, le lien entre politiques migratoires, dynamique démographique et avenir des écoles publiques de Boston apparaît plus étroit que jamais.


