La campagne municipale de Boston a connu un tournant inattendu jeudi soir.
Josh Kraft, fils du milliardaire Robert Kraft, propriétaire des New England Patriots, a annoncé son retrait de la course à la mairie, seulement deux jours après avoir accédé au scrutin de novembre aux côtés de la maire sortante Michelle Wu.
Kraft avait officiellement confirmé son retrait sur la chaîne locale WCVB-TV, expliquant qu’il préférait concentrer ses efforts sur des initiatives sociales.
L’annonce a surpris nombre d’observateurs, car mardi, le candidat avait réussi à se qualifier lors des primaires municipales, en terminant deuxième derrière Michelle Wu et en devançant deux autres prétendants, mais avec un score décevant de 23% contre 72% pour son opposante Michelle Wu.
Malgré un investissement personnel considérable, la dynamique n’était pas en sa faveur.
Selon des données de campagne rapportées par NBC News, Josh Kraft avait dépensé 5,5 millions de dollars, dont plus de 5 millions en prêts personnels, contre seulement 1,1 million pour Wu. Pourtant, lors du vote de mardi, l’écart s’est révélé écrasant : Wu a recueilli 72 % des suffrages, contre 23 % pour Kraft.
« Ce n’est pas à propos de moi ou de Wu »
Dans une lettre adressée à ses soutiens et transmise à l’Associated Press, Kraft a justifié sa décision en ces termes : « Nous pourrions passer les huit prochaines semaines à faire de la politique — avec une rhétorique nuisible ou des publicités d’attaque acerbes. Ou nous pourrions revenir à ce qui compte vraiment : les enjeux qui affectent les Bostoniens au quotidien. Le travail sur lequel je me suis concentré toute ma carrière ».
Il a souligné que sa démarche visait à dépasser les logiques d’affrontement partisan. « C’est la bonne décision à prendre à une époque en Amérique où nous devons nous rapprocher malgré nos différences, au lieu d’attiser des divisions qui nous éloignent davantage », a-t-il poursuivi.
Kraft a annoncé qu’il consacrerait désormais 3 millions de dollars à des programmes locaux, un mélange de fonds initialement prévus pour sa campagne et de nouvelles ressources.
Cet argent sera dédié à la formation professionnelle des anciens détenus ainsi qu’à des initiatives pour lutter contre l’itinérance et la toxicomanie dans le secteur connu sous le nom de Mass and Cass.
« Les enjeux qui importent vraiment aux habitants de Boston doivent rester au centre de nos actions, et c’est ce que je veux continuer à faire », a-t-il expliqué, citant la réinsertion et la lutte contre la crise sociale comme ses priorités.
La réaction de Michelle Wu
La maire sortante, qui bénéficie d’une forte popularité, a réagi par courriel jeudi soir.
Dans une déclaration transmise à NBC News, Michelle Wu a affirmé : « Je respecte sa décision et je le remercie de se soucier assez profondément de notre ville pour vouloir la rendre meilleure ».
Elle a ajouté : « Nous allons continuer au cours des deux prochains mois et au-delà à impliquer les membres de notre communauté sur le travail crucial qui nous attend et sur la manière de faire de Boston un foyer sûr et accueillant pour tous ».
L’annonce du retrait intervient dans un contexte politique tendu entre la ville de Boston et l’administration Trump. La semaine des primaires, les services fédéraux d’immigration ont lancé une nouvelle opération dans la capitale du Massachusetts, rappelant la vague d’arrestations de mai qui avait abouti à près de 1 500 interpellations.
Le gouvernement, souvent représenté par son » border czar » Tom Homan, reproche à Boston de maintenir son statut de sanctuary city et de ne pas coopérer avec les autorités fédérales. Michelle Wu, de son côté, a maintes fois défendu ce statut, expliquant vouloir préserver une ville « accueillante pour les immigrés ».
La tension a culminé lorsque le Département de la Justice des États-Unis a intenté un procès contre la mairie, la police de Boston et la maire elle-même, accusés d’entraver l’application des lois migratoires. Wu a riposté en accusant le président Donald Trump « d’attaquer les villes pour masquer les échecs de son administration ».
Une course désormais sans rival majeur
Le retrait de Josh Kraft laisse Michelle Wu quasiment seule en lice pour l’échéance de novembre.
Déjà première femme et première maire d’origine asiatique élue à la tête de Boston, elle voit disparaître son principal concurrent. Sa victoire, largement prévisible, pourrait renforcer sa position politique, alors qu’elle continue d’affronter les pressions de Washington et de défendre les politiques locales face à la Maison-Blanche.
La campagne municipale de Boston, désormais largement orientée vers la réélection de Michelle Wu, continuera néanmoins d’être scrutée au niveau national, dans un contexte où la politique migratoire reste un point de tension majeur entre les grandes villes américaines et le gouvernement fédéral.
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Sources : NBCNews
