PORT-AU-PRINCE, 19 août 2025 – L’ancien sénateur du département des Nippes, Nenel Cassy, a recouvré sa liberté mardi après-midi, après avoir été arrêté et détenu pendant plus de deux semaines par la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).
Sa détention, intervenue après son arrestation le 2 août dernier, a pris fin suite à son audition par le Commissaire du gouvernement près le Tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Frantz Monclair, qui a ordonné sa remise en liberté. Cette décision du parquet est survenue alors que le Tribunal de Première Instance n’avait pas encore statué sur une action en habeas corpus déposée par la défense il y a une semaine, contestant la légalité de sa détention.
Plus tôt dans la journée, M. Cassy avait été conduit au Parquet où plusieurs dizaines de ses partisans s’étaient rassemblés en signe de soutien.
Perquisitions et accusations
L’enquête menée par la police judicaire a donné lieu à plusieurs perquisitions. La Brigade de recherche et d’intervention (BRI) a notamment inspecté sa résidence privée à Thomassin, dans la banlieue de Pétionville, ainsi qu’une chambre personnelle qu’il occupait dans un hôtel de la commune de Delmas, et ce en présence d’un juge de paix. Les forces de l’ordre y ont saisi divers matériels, dont un ordinateur portable, un téléphone mobile et une caméra.
L’ancien parlementaire Lavalas fait l’objet de plusieurs accusations graves de la part de la police judiciaire. Les chefs d’accusation retenus contre lui incluent complot contre la sûreté intérieure de l’État, financement d’organisations criminelles, complicité d’assassinat et association de malfaiteurs.
Cette arrestation du 2 août contraste avec une précédente comparution. Le 17 mars 2025, Nenel Cassy s’était présenté de lui-même au Parquet de Port-au-Prince en réponse à un avis de recherche émis contre lui par la DCPJ un mois plus tôt. Il n’avait pas été retenu après son audition, ses avocats ayant même laissé entendre que l’avis de recherche était caduc. Depuis cet épisode, l’ex-sénateur s’était fait discret et était rarement apparu en public.
Sanctions internationales et accusations de corruption
La figure politique, ancien dirigeant de la structure SDP (Secteur démocratique et populaire) et fondateur du parti MOPAL (Mouvman Patriyotik pou Lavi), est une personnalité controversée. Nenel Cassy fait partie des personnalités haïtiennes sanctionnées par les gouvernements des États-Unis et du Canada pour leur complicité présumée avec les gangs armés qui terrorisent la population haïtienne t pour leur implication dans la déstabilisation du pays.
Par ailleurs, son nom apparaît dans un rapport de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), qui l’accuse de fausse déclaration de patrimoine et d’enrichissement illicite. Les enquêteurs ont constaté qu’entre 2016 et 2017, sa fortune personnelle avait augmenté de plus de 28 millions de gourdes, une progression jugée suspecte au regard de ses revenus déclarés.
La libération de Nenel Cassy marque un nouveau rebondissement dans ce dossier sensible, et risque de susciter pas mal de réactions nationales et même internationales.