L’Observatoire International pour la Démocratie et la Gouvernance salue une « étape » tout en pointant les défis sécuritaires et le risque d’impasse politique après le 7 février 2026.
Dans un communiqué rendu public mardi 2 décembre, l’Observatoire International pour la Démocratie et la Gouvernance (OIDG) a réagi à l’adoption suivie de la publication, la veille, du décret électoral par le Conseil présidentiel de transition (CPT). Si l’organisation y voit « un jalon important » vers un retour à l’ordre constitutionnel, elle exprime de vives inquiétudes quant à la faisabilité du processus et alerte sur un risque majeur de « vide juridique » à l’expiration du mandat du CPT en février 2026.
L’OIDG prend acte de la décision du CPT, reconnaissant son importance symbolique dans un pays en crise politique profonde depuis des années. Toutefois, le ton du communiqué devient rapidement critique face aux conditions sécuritaires. L’Observatoire estime que le climat actuel, marqué par le contrôle territorial de groupes armés, les restrictions de mobilité et les risques d’intimidation, est « très loin d’être propice à l’organisation d’élections libres, honnêtes, démocratiques et transparentes ». Il souligne l’« extrême difficulté » de protéger les électeurs, les candidats et les infrastructures, jetant une ombre sur la crédibilité même d’un scrutin annoncé.
Au-delà de l’urgence sécuritaire, l’OIDG pointe un écueil institutionnel potentiellement plus grave encore : l’échéance du mandat du CPT, fixée au 7 février 2026. Le Conseil n’aurait plus aucun rôle après cette date. Le problème, selon l’Observatoire, n’est pas ce retrait, mais « l’absence de mécanismes clairs » pour assurer le remplacement de cette instance transitoire et du gouvernement, tous deux « de nature exceptionnelle et non prévus par la Constitution ».
« Ce vide juridique ouvre la voie à un risque réel d’impasse et d’incertitude, susceptible d’aggraver la crise de gouvernance et les tensions déjà très fortes au sein de la société haïtienne », prévient le communiqué. Cette alerte intervient alors que le Secrétaire général adjoint de l’OEA, Albert Ramdin, en visite à Port-au-Prince, a également abordé cette question sensible lors de ses rencontres avec les autorités.
Face à cette double menace — insécurité et précarité institutionnelle — l’OIDG lance plusieurs appels. Il exhorte d’abord le CPT et le gouvernement à concentrer leurs efforts sur le « rétablissement de la sécurité » pendant le temps qui leur reste, condition sine qua non pour toute élection.
Ensuite, l’Observatoire presse les forces vives de la nation — acteurs politiques, société civile, secteur privé, diaspora — de s’engager « sans délai » dans une recherche de compromis pour « éviter un vide institutionnel » après le 7 février 2026 et « préserver la continuité de l’État ».
Enfin, une recommandation technique est adressée au Conseil électoral provisoire (CEP) : revoir son calendrier électoral pour « éliminer les contradictions » observées avec le décret, dans un souci de « cohérence, de transparence et de prévisibilité ».
L’OIDG conclut en réaffirmant son engagement à suivre la situation et se réserve le droit de publier d’autres analyses, alors qu’Haïti navigue entre l’espoir ténu d’un processus électoral et les périls immédiats de l’insécurité et de l’instabilité politique.



