Bonne nouvelle pour la communauté haïtienne de New York.
Alan Junior Pierre, jeune Haïtien de 20 ans scolarisé à Spring Valley High School, a été remis en liberté mercredi matin 9 juillet 2025 après avoir passé plus d’un mois en détention à Newark, selon le Rockland Journal News.
Son arrestation par l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), alors qu’il vivait légalement aux États-Unis, avait provoqué un tollé dans la communauté haïtienne de l’État de New York.
L’annonce de sa libération a été faite par son avocat, Me Vince Sykes, qui a indiqué que le jeune homme avait pu appeler son père à 10 h 30 du matin pour venir le chercher au centre de détention Delaney Hall, dans le New Jersey.
Selon l’avocat, le député républicain Mike Lawler, représentant du 17ᵉ district de l’État de New York, ayant une importante communauté haïtienne, avait contacté la famille la veille pour confirmer qu’il travaillait activement à obtenir la libération d’Alan.
« Je suis reconnaissant envers le Département de la Sécurité intérieure et la secrétaire Kristi Noem pour leur collaboration en vue de la libération d’Alan Junior Pierre, en attendant la décision sur sa demande de libération conditionnelle », a déclaré Mike Lawler dans un communiqué cité par le Rockland Journal News.
Le sénateur Chuck Schumer a également soutenu la demande, en plaidant personnellement auprès des autorités migratoires à plusieurs reprises.
« Je suis soulagé qu’Alan soit de retour auprès de sa famille à Rockland. Sa détention a profondément ébranlé la communauté haïtiano-américaine de Spring Valley », a déclaré le sénateur Schumer dans une déclaration reprise par USA Today Network.
Alan Junior Pierre était entré légalement aux États-Unis en janvier 2025 après avoir obtenu une autorisation spéciale de libération conditionnelle (parole) à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, dans le but de rejoindre son père, Dutan Pierre, citoyen américain résidant à Nanuet, dans le comté de Rockland. Alan avait fui Haïti, en proie à la violence des gangs, à l’effondrement de l’État et au chaos humanitaire.
Malgré ce statut légal, il a été arrêté le 3 juin lors d’un simple rendez-vous à l’USCIS Application Support Center dans le Bronx. Sans autre explication, il a été transféré au centre de détention Delaney Hall, tristement réputé pour ses conditions difficiles.
Début juillet, un porte-parole du Département de la Sécurité intérieure a confirmé que Pierre était considéré comme en situation irrégulière et visé par une procédure d’expulsion, comme l’a rapporté Nancy Cutler dans USA Today Network.
« Le système est devenu inhumain. Ce jeune homme avait le droit d’être ici. On lui a tout simplement volé son avenir », a dénoncé un membre de la communauté cité par le média.
Face à l’inaction des autorités, Me Sykes s’est tourné vers les représentants politiques. L’équipe de Mike Lawler a affirmé, le 7 juillet, qu’elle collaborait activement avec la famille. Lawler lui-même « s’est personnellement impliqué auprès des parties concernées pour obtenir un résultat favorable », selon son porte-parole cité dans le Rockland Journal News.
Le lendemain, l’avocat a reçu un appel du député l’informant qu’une libération était en cours de traitement.
« La situation en Haïti reste désastreuse, et je continuerai de plaider pour que les Haïtiens puissent obtenir l’asile ou le bénéfice du programme de libération conditionnelle dans le respect de la loi », a poursuivi Lawler.
Même si Alan est libre, sa situation reste juridiquement instable. Son père a engagé une procédure I-130, visant à obtenir une carte verte pour son fils au titre du regroupement familial.
Par ailleurs, Alan pourrait prétendre au statut spécial d’immigrant juvénile (SIJS), s’il parvient à présenter son dossier avant ses 21 ans, en janvier 2026. Toutefois, toutes ces démarches ont été bloquées pendant sa détention.
« Tant qu’il était en centre de détention, il était impossible pour nous de présenter le dossier », a expliqué son avocat à lohud / USA Today Network.
Ce cas témoigne des tensions croissantes autour des politiques migratoires mises en place sous l’administration Trump, notamment à l’encontre des Haïtiens arrivés sous la présidence précédente. Le comté de Rockland, et plus précisément le village de Spring Valley, abrite l’une des plus fortes communautés haïtiennes du nord-est des États-Unis.
Ce jeune homme de 20 ans vivait à Nanuet avec son père, un citoyen américain. Il avait été admis aux États-Unis sous le programme de libération conditionnelle humanitaire, une procédure d’exception permettant à certains ressortissants étrangers d’entrer temporairement pour des motifs urgents. Son statut devait rester valable jusqu’en janvier 2026. Pourtant, il a été arrêté par l’ICE le 4 juin dernier, après un rendez-vous administratif à New York.
Interrogée il y a quelques jours, Tricia McLaughlin, porte-parole du Département de la Sécurité intérieure (DHS), avait déclaré que Pierre était un « étranger illégal » qui avait « été relâché par l’administration Biden » avant d’être interpellé par les autorités. Elle affirme qu’il est actuellement visé par une procédure d’expulsion.
« Nous offrons aux étrangers illégaux un vol gratuit et une prime pour repartir », a déclaré McLaughlin au Journal News. « Sinon, ils seront arrêtés et expulsés sans retour possible », avait-elle ajouté.
Le retour d’Alan auprès de sa famille a été accueilli comme une victoire pour la communauté. Mais les incertitudes juridiques et les menaces d’expulsion restent pesantes pour des milliers d’autres jeunes Haïtiens dans la même situation.
Article basé sur les reportages de Nancy Cutler pour le Rockland/Westchester Journal News, membre du USA Today Network, publiés le 9 juillet 2025.