Accusations de mensonge contre Kristi Noem : des sénateurs dénoncent des arrestations de citoyens américains par l’ICE
Une controverse politique secoue le département de la Sécurité intérieure (DHS) dirigé par la secrétaire Kristi Noem, après que des sénateurs démocrates ont publiquement contesté ses affirmations sur les pratiques d’Immigration and Customs Enforcement (ICE). Selon eux, l’administration du président Donald Trump minimise volontairement un phénomène désormais documenté : l’arrestation de citoyens américains lors de raids migratoires.
Une déclaration qui ravive le débat sur les dérives des opérations fédérales
L’affaire remonte à une conférence de presse tenue le 30 octobre à Gary, dans l’Indiana. Interrogée sur une opération ciblant des camionneurs soupçonnés de violations des lois sur l’immigration, Kristi Noem a affirmé sans équivoque qu’« aucun citoyen américain n’a été arrêté ou détenu » dans le cadre de « l’Opération Midway Blitz ».
Cette déclaration est entrée en contradiction frontale avec des données rendues publiques peu après. Le média d’investigation ProPublica a publié une enquête révélant plus de 170 cas de citoyens américains arrêtés ou détenus par l’ICE sur l’année écoulée, un chiffre sans précédent. Bien que la secrétaire se référait à une opération spécifique, l’écart entre ses propos et ces statistiques générales a suscité l’indignation.
ProPublica a rappelé ses découvertes sur le réseau X : « Nous avons rapporté les faits que vous rejetez. Nous avons documenté plus de 170 cas de détention de citoyens américains par l’ICE cette année… » L’enquête mentionne notamment des enfants, dont deux atteints de cancer, détenus par erreur.
Dick Durbin monte au créneau : « C’est manifestement faux »
Le sénateur Dick Durbin (Démocrate de l’Illinois), figure influente de la commission judiciaire du Sénat, a été l’un des premiers à réagir. S’appuyant sur les données de ProPublica, il a accusé la secrétaire Noem de tromper le public.
Sur X, il a écrit : « C’est manifestement faux. Le DHS de Trump et Noem détient des citoyens américains. Et ils le font lors de raids violents et indiscriminés, en utilisant une force excessive. »
Le compte officiel des démocrates de la commission judiciaire a employé une formule plus directe, qualifiant la déclaration de « mensonge éhonté » (bold-faced lie).
Cette attaque illustre les tensions croissantes au Congrès autour de la politique migratoire de l’administration. Les démocrates dénoncent une stratégie de communication qui minimise les dommages collatéraux, tandis que les républicains défendent des mesures présentées comme indispensables pour lutter contre l’immigration irrégulière.
Le DHS contre-attaque : « Arrêtez de semer la peur »
Face aux critiques, le DHS a répondu vigoureusement, s’en prenant directement au sénateur Durbin dans une publication officielle : « Arrêtez de semer la peur. L’ICE n’arrête ni ne déporte les citoyens américains. Si un citoyen américain est arrêté, c’est parce qu’il a entravé l’action des forces de l’ordre ou les a agressées. »
Le département a insisté sur le fait que ses opérations ciblent « ceux qui sont illégalement présents sur le territoire américain — pas leur couleur de peau, leur race ou leur origine ». Le message se concluait par une phrase résumant la posture de l’administration : « La secrétaire Noem a été claire : les émeutiers ne nous arrêteront pas et ne nous ralentiront pas. »
Durbin maintient sa position : « Vos mensonges ne fonctionneront pas »
Le sénateur Durbin n’a pas cédé. Dans une réplique cinglante, il a affirmé que les preuves contredisaient catégoriquement les démentis du DHS : « Photos, vidéos, témoignages : 40 citoyens américains ont été arrêtés et détenus rien qu’en Illinois par votre département. Vos mensonges peuvent marcher avec le président Trump. Pas avec nous. »
Cette réplique met en lumière la fracture profonde entre les élus démocrates et le pouvoir exécutif, une division récurrente depuis le durcissement des politiques migratoires.
Une polémique révélatrice d’une pratique controversée
Au-delà des démentis du DHS, les cas documentés par ProPublica s’inscrivent dans un contexte plus large : des opérations d’envergure, parfois menées de manière expéditive, où les erreurs d’identification semblent se multiplier.
Dans plusieurs villes, des citoyens américains ont été arrêtés sur la base d’informations erronées, de ressemblances physiques ou de bases de données obsolètes. S’ils sont souvent libérés après vérification, les conséquences — perte d’emploi, traumatisme psychologique, séparations familiales — peuvent être graves. La mention d’enfants malades détenus temporairement soulève en outre des questions éthiques majeures.
Entre les démentis du DHS, les chiffres de ProPublica et les prises de position publiques des élus, le fossé se creuse sur la question de la transparence et de la fiabilité des opérations migratoires.
L’échange de citations directes et publiques entre les protagonistes montre que l’affrontement est désormais politique autant que factuel, chaque camp cherchant à imposer son propre récit sur la réalité des actions de l’ICE.



