La campagne de répression migratoire menée par l’administration Trump a connu un épisode particulièrement marquant cette semaine à Chicago.
Des agents fédéraux de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) ont fait irruption dans une garderie hispanophone, « le Rayito de Sol Spanish Immersion Early Learning Center », pour arrêter Diana Patricia Santillana Galeano, une éducatrice colombienne, sous les yeux d’enfants en bas âge, selon un reportage exclusif de Reuters.
Malgré ses papiers en règle et son cri répété — « J’ai mes papiers ! » —, la jeune femme a été menottée et emmenée par deux agents portant des gilets « Police », selon les images diffusées par les médias locaux. Des témoins décrivent une scène de chaos : enfants et parents en larmes, incapables de comprendre ce qui se passait.
« Les enfants pleuraient, les parents pleuraient. C’est une scène que nous n’oublierons jamais », a témoigné Tara Goodarzi, avocate et mère d’un enfant de trois ans, interrogée par Reuters.
« Lundi, ma fille a fait ses premiers pas pour elle, et elle était si fière de me le dire. C’est une personne douce et attentionnée », a confié, émue, Laura Tober, une autre mère présente sur les lieux.
D’après la direction de la garderie et plusieurs parents d’élèves, Diana Santillana, originaire de Medellín (Colombie), travaillait depuis plusieurs mois dans la section des nourrissons. Elle disposait d’un permis de travail valide, délivré dans le cadre d’une procédure d’asile en cours. La direction de l’établissement avait d’ailleurs assuré aux familles que tout le personnel était légalement autorisé à travailler aux États-Unis.
« Les agents ont arrêté une éducatrice respectée devant des enfants en pleurs. C’est inacceptable. Les écoles et les garderies doivent rester des zones protégées », a dénoncé le représentant démocrate Mike Quigley, élu de l’Illinois.
Le Department of Homeland Security (DHS) a justifié l’intervention, affirmant que les agents poursuivaient la jeune femme et un homme après un contrôle routier raté.
« Les agents les ont suivis jusque dans le vestibule du bâtiment après qu’ils eurent fui leur véhicule. La femme a été arrêtée à l’entrée, pas à l’intérieur de la garderie », a déclaré Tricia McLaughlin, porte-parole du DHS.
Mais cette version officielle est contestée par plusieurs témoins, qui affirment que l’arrestation s’est produite dans l’enceinte même de la garderie, en présence des enfants.
L’opération s’inscrit dans le cadre plus large de l’Operation Midway Blitz, qui a conduit à plus de 3 000 interpellations dans la région de Chicago, selon les chiffres communiqués par l’ICE. Quelques jours auparavant, des agents armés avaient déjà été signalés dans un centre pour retraités à Evanston, où ils auraient tenté d’arrêter des ouvriers paysagistes.
Ces arrestations musclées ont profondément choqué les communautés locales.
Les organisations de défense des droits des immigrants dénoncent une « politique de la peur » imposée par l’administration Trump, accusée de traumatiser des familles vulnérables et de bafouer les droits fondamentaux.
« Ces opérations ne relèvent pas de la sécurité publique, mais d’une stratégie d’intimidation », a estimé une porte-parole du Chicago Immigrant Justice Network, réclamant une enquête du Congrès sur les méthodes de l’agence fédérale.
À Chicago, la scène — une éducatrice menottée devant des enfants terrifiés — est déjà devenue un symbole des dérives d’une politique migratoire jugée de plus en plus brutale.



